Au moins 143 personnes ont été tuées par les forces de l'ordre dans le mouvement de contestation qui a secoué l'Iran plus tôt en novembre, a indiqué lundi 25 novembre Amnesty International, revoyant à la hausse son bilan d'au moins 106 manifestants tués.
«La communauté internationale doit dénoncer l'usage intentionnel de la force létale par les forces de sécurité iraniennes ayant conduit au meurtre d'au moins 143 manifestants dans les rassemblements qui avaient éclaté le 15 novembre», écrit l'ONG de défense des droits humains dans un communiqué.
«Les morts ont presque toutes été provoquées par l'usage d'armes à feu», indique le communiqué, notant qu'un homme serait «mort après avoir inhalé des gaz lacrymogènes» et «un autre après avoir été frappé».
Amnesty International pense «que le bilan est bien plus lourd et continue d'enquêter».
Téhéran dit avoir ramené le calme après plusieurs jours de manifestations de colère et de violences ayant éclaté le 15 novembre, quelques heures après l'annonce d'une hausse surprise du prix de l'essence, en pleine crise économique provoquée par le rétablissement et le durcissement depuis 2018 de sanctions américaines contre l'Iran.
Des «témoignages épouvantables»
L'ONU avait dit craindre que la répression ait fait «des dizaines» de morts. Pour Amnesty, «la hausse du bilan des morts est une indication alarmante de la brutalité avec laquelle des autorités iraniennes ont traité des contestataires non armés, et révèle une attaque épouvantable contre la vie humaine».
L'ONG, basée à Londres, dit avoir compilé des «témoignages épouvantables de témoins et de proches des victimes» et analysé et vérifié des vidéos «prouvant clairement que les forces de sécurité iraniennes ont utilisé intentionnellement des armes à feu contre des manifestants non armés qui ne représentaient aucune menace mortelle».
Amnesty parle ainsi d'images montrant que «des contestataires ont été abattus alors qu'ils s'enfuyaient en courant», et dit avoir reçu des informations indiquant que «dans certains cas, les autorités ont refusé de rendre les corps des victimes à leur famille». «Dans d'autres, des membres des forces de sécurité ont sorti de la morgue des corps pour les transférer vers des lieux inconnus», ajoute le texte.
Selon l'ONG, la province où ont été enregistrées le plus de victimes est celle du Khouzestan (sud-ouest), avec 40 morts, devant celle de Kermanshah (ouest) - 34 morts -, et celle de Téhéran - 20 morts.
Jusqu'ici, les autorités iraniennes ont fait état de cinq décès dans les troubles, un civil et quatre membres des forces de l'ordre.