Deux morts, des dizaines d'arrestations. En un week-end de manifestation, la situation est déjà explosive en Iran après l'annonce de la hausse du prix du carburant le 15 novembre. La colère d'une partie de la population ne devrait d'ailleurs pas se réduire rapidement, étant donné que l'ayatollah Khamenei a annoncé son soutien à l'augmentation de la taxe sur les carburants.
Il n'aura pas fallu attendre longtemps avant que les manifestations ne débutent. Quelques heures après l'annonce de la hausse du prix de l'essence d'au moins 50%, plusieurs villes du pays voient des rassemblements s'organiser. À Téhéran, capitale du pays, ou à Chiraz, des routes ont été bloquées. À Kermanshah, dans l'ouest du pays, un commissariat a même été pris d'assaut par des émeutiers. Ali Khamenei s'est montré ferme face aux débordements, assurant qu'il ne s'agissait pas d'une réaction «de personne normale, mais de hooligan».
Pour justifier cette nouvelle mesure d'austérité, le président Hassan Rohani a de son côté promis que le but était de redistribuer cet argent aux Iraniens, ce qui ne semble pas convaincre la population. En réaction aux manifestations et aux violences, l'accès à internet est devenu quasiment inexistant à partir du 16 novembre, pour empêcher les protestataires de s'organiser et de communiquer entre eux. Une mesure devenue quasi systématique en cas de manifestations importantes en Iran.
Une économie étranglée par les sanctions
Si la réaction de la part d'une frange de la population a été aussi épidermique après l'annonce du gouvernement, c'est surtout parce que l'économie du pays est dans une situation catastrophique. Cela est avant tout causé par l'arsenal de sanction imposé au régime iranien par les Etats-Unis. Depuis l'élection de Donald Trump et le retrait américain de l'accord sur le nucléaire, tous les contrats qui avaient été négociés avec les Européens ou les autres pays du monde sont tombés à l'eau, et les exportations sont devenues beaucoup plus compliquées.
Depuis 2018, l'inflation a dépassé les 40%, et le PIB pourrait chuter jusqu'à 9,5% en 2019, selon les prévisions du Fonds monétaire international. Preuve du caractère exceptionnel de la situation, cette baisse serait ainsi la pire depuis 1986 (-10,2%), alors que l'Iran était englué dans une guerre contre l'Irak. Pour tenter d'attirer l'attention de l'Union Européenne, Hassan Rohanni annonce régulièrement renier des engagements de l'accord sur le nucléaire, espérant ramener les Occidentaux à la table des négociations. Une stratégie qui pourrait ne jamais faire effet tant que Donald Trump occupe la Maison Blanche.