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Immigration clandestine : Gérald Darmanin veut «lutter contre l’attractivité sociale et administrative» de Mayotte

Face à la forte insécurité et à l’immigration massive et clandestine à Mayotte, le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer Gérald Darmanin s’est rendu ce dimanche 21 août sur l’île. Pour résoudre cette problématique, il a insisté sur le durcissement de l’attribution de la nationalité française aux enfants nés à Mayotte.

Près de la moitié de la population de Mayotte n’a pas la nationalité française, mais un tiers de ces étrangers sont nés sur l’île, selon l’Insee. Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer a donc choisi de se rendre sur l’île dès dimanche, accompagné de son ministre délégué, Jean-François Carenco, pour une durée de trois jours afin d’évoquer ce phénomène.

Ce dimanche, il a insisté sur un durcissement des conditions d’attribution de la nationalité française dans le 101e département français. «La hausse continue des moyens techniques et humains ne suffira pas. Il faut lutter contre l’attractivité sociale et administrative du territoire», a expliqué Gérald Darmanin face à la presse.

Un thème politique majeur à venir

Le ministre de l’Intérieur, qui a déjà eu l’occasion d’afficher sa fermeté cet été à propos de l’ immigration, en indiquant par exemple être pour une «double peine» concernant les délinquants étrangers (condamnation puis expulsion), veut continuer à affirmer son point de vue, alors que le sujet fera l’objet d'un grand débat au Parlement à l'automne prochain, avant la présentation d'un projet de loi.

Il a comme idée d’inscrire dans ce texte l'obligation pour «l'un des deux parents (d'être) régulièrement depuis plus d’un an (contre trois mois actuellement, ndlr) sur le territoire (de Mayotte) afin que leur enfant soit reconnu comme Français», a-t-il expliqué au JDD. Une mesure qui devait déjà figurer dans le projet de loi spécifique à Mayotte, finalement avorté début 2022 après son rejet par les élus locaux.

Pour lutter contre «les reconnaissances frauduleuse de paternité» pratiquées, dit-il, par des hommes en situation régulière aux bénéfices «d'enfants d'immigrés fraîchement arrivés», il a annoncé que «ces pères (devront) prouver qu’ils entretiennent l’enfant pendant trois ans et non plus seulement deux».

Durant sa visite, le ministre de l’Intérieur devrait aussi observer les nouveaux moyens aériens et maritimes de lutte contre l'immigration illégale. Une visite au centre de rétention administrative de Pamandzi est également prévue.

Mayotte, île gangrénée par l’immigration clandestine et la violence

Située dans l'océan Indien, entre l'Afrique de l’Est et Madagascar, Mayotte a vu sa population quadrupler entre 1985 et 2017, selon l’Insee, sous l'effet conjugué d'une forte natalité (plus de quatre enfants par femme) et de l'importante émigration d'habitants venus de l'archipel voisin des Comores. L’île est aujourd’hui peuplée de 350.000 à 400.000 personnes selon les autorités.

Le gouvernement a mis en avant les chiffres de reconduites à la frontière, plus de 23.000 en 2021, soit une hausse de 78% par rapport à 2020, année marquée par le Covid, et l'augmentation des interceptions de «kwassas-kwassas», embarcations légères à moteur utilisées par les migrants comoriens.

L’île connait aussi de larges problèmes pour insérer sa jeunesse dans la vie active alors que l’âge moyen y était de 23 ans en 2017. Toujours selon l’Insee, 25.000 jeunes de 15 à 29 ans n'étaient ni en emploi, ni en études, ni en formation. Soit 36% de cette tranche d'âge, une part trois fois plus élevée que sur le reste du territoire français (13%).

Mayotte doit également faire face à un autre fléau, la violence des bandes. Les affrontements se font entre elles, ou contre les forces de l’ordre. La délinquance y est très élevée, bien plus importante qu'en France métropolitaine, avec quatre fois plus de dépôts de plainte pour cambriolages et des agressions physiques beaucoup plus fréquentes.

Une insécurité se faisant dans un contexte de grande pauvreté. Près des trois quarts de la population (74%) vit avec un niveau de vie inférieur à 50% de la médiane nationale, selon l'Insee.

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