Quelques jours après sa libération, la ville ukrainienne de Boutcha compte encore ses immeubles détruits et ses cadavres au sol. Kiev désigne l'Etat russe comme responsable des exactions. Avec un nom en tête, celui d'un chef militaire très proche du Kremlin : Azatbek Omurbekov, connu désormais comme le «boucher» de Boutcha.
Agé d’une quarantaine d’années, Azatbek Omurbekov est ainsi suspecté d’avoir coordonné le pillage, le viol et le massacre de centaines de civils ukrainiens par des soldats russes dans cette ville ukrainienne de quelque 36.000 habitants, située à environ 25 km de Kiev.
L'homme, dont le visage faisait la une de la presse étrangère ce jeudi 7 avril, dirige la 64e brigade d’infanterie motorisée de l’armée russe.
Son unité, composée d’environ 1.600 hommes d'après InformNapalm, un groupe ukrainien qui surveille les activités de l’armée russe, était installée à Boutcha durant plus d’un mois jusqu’au 30 mars dernier, date à laquelle ils ont commencé à se replier vers la Russie.
Un repli mais peut-être pas une fuite, indique franceinfo qui, s'appuyant sur des services de renseignements, assure qu'Omurbekov et son bataillon n°51.460 se trouvent actuellement près de la ville russe de Belgorod, à la frontière ukrainienne, et s’apprêtent à se redéployer vers la ville de Kharkiv (Est de l'Ukraine).
Un chef de guerre chevronné
De sources concordantes, il apparaît qu'Azatbek Omurbekov est loin d'être un débutant, bien au contraire. Il est un chef militaire expérimenté et aguerri. Le lieutenant-colonel s’était notamment déjà rendu en Ukraine en 2014, où il avait été repéré en Crimée et dans le Donbass.
Il a reçu cette même année une médaille pour ses «services exceptionnels», de la main de Dmitri Boulgakov, vice-ministre russe de la Défense, avance le quotidien britannique The Independent.
Autre information connue à son sujet, Azatbek Omurbekov a été béni par l’Eglise orthodoxe en novembre 2021, juste avant de mener l’offensive en Ukraine.
«Ce ne sont pas nos armes les plus importantes, l’histoire montre que la plupart de nos batailles se gagnent avec nos âmes», aurait-il, selon le Times, glissé à l'oreille du prêtre orthodoxe en charge de la cérémonie et auprès de qui il a été photographié.
Une traque lancée pour le retrouver
Après les révélations des exactions commises à Boutcha, de nombreux activistes, surtout ukrainiens, tentent de retrouver ses traces, des indices.
InformNapalm a d'ailleurs pu mettre la main sur l'adresse postale d'Omurbekov, ainsi que son adresse e-mail et même son numéro de téléphone portable.
Le groupe d'activistes ukrainiens dit avoir essayé de l’appeler, rapporte franceinfo. Ce sont des proches qui étaient au bout du fil, affirmant qu’ils n’avaient aucune nouvelle de lui depuis plusieurs jours.
La justice ukrainienne est de son côté elle aussi à pied d'oeuvre et assure étudier toutes les possibilités pour mettre les responsables militaires russes, dont Omurbekov, face à leurs responsabilités.