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Bangladesh : tout savoir sur le prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus, désigné à la tête d'un «gouvernement intérimaire»

Selon la Fondation Nobel, la toute première initiative de Muhammad Yunus a consisté à prêter son propre argent à des vanniers démunis. [Andreas SOLARO/AFP]

Prix Nobel de la Paix en 2006 et surnommé «le banquier des pauvres», Muhammad Yunus va diriger un gouvernement intérimaire, après la dissolution du Parlement et la fuite de la Première ministre Sheikh Hasina. Qui est-il ?

Lauréat du prix Nobel de la paix, économiste renommé et défenseur des plus pauvres, Muhammad Yunus va prendre la tête d'un gouvernement intérimaire au Bangladesh, a annoncé la présidence du pays très tôt ce mercredi. Cette décision intervient au surlendemain de la fuite de la Première ministre Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 15 ans. 

C’est en 2006 que l’homme de 84 ans décroche un prix Nobel de la paix pour sa contribution au développement économique de son pays. Fondateur de la Grameen Bank Muhammad Yunus fait de la lutte contre la pauvreté son cheval de bataille en proposant des microcrédits à des dizaines de millions de femmes en milieu rural. 

«Les êtres humains ne sont pas nés pour souffrir de la misère, de la faim et de la pauvreté», avait-il déclaré en recevant sa distinction. De son côté, le Comité Nobel norvégien a estimé que «par le biais des cultures et des civilisations, Yunus et la banque Grameen ont montré que même les plus pauvres des pauvres peuvent travailler à leur propre développement».  

Après la remise de son prix, il avait envisagé la création d'un parti avant d'abandonner rapidement son projet, ce qui avait suscité une inimitié persistante de la part de l'élite au pouvoir. Grâce à sa popularité, l’économiste s’était mué en un rival potentiel de l’ex Première ministre Sheikh Hasina.  

Des déboires judiciaires 

Ce mardi, le prix Nobel de la paix s'était dit prêt à prendre les rênes de sa nation, dans une déclaration écrite à l'AFP. «J'ai toujours mis la politique à distance (...) Mais aujourd'hui, s'il faut agir au Bangladesh, pour mon pays, et pour le courage de mon peuple alors je le ferai», avait-il indiqué, tout en appelant à l'organisation d'«élections libres». 

Il y a plusieurs années, Muhammad Yunus a été visé par une centaine d'affaires judiciaires et a fait l'objet d'une campagne agressive menée par une organisation de prédication musulmane dirigée par l'Etat, qui l'a accusé de promouvoir l'homosexualité. En 2011, ce dernier est contraint par les autorités à quitter la Grameen Bank. 

En janvier dernier, Muhammad Yunus et trois de ses collaborateurs ont été condamnés à six mois d'emprisonnement par un tribunal de Dacca pour avoir enfreint le droit du travail. Ils ont été libérés sous caution dans l'attente de l'appel et nient les accusations. 

Début 1970, des travaux axés sur la pauvreté 

Né le 28 juin 1940 dans un milieu aisé à Chittagong, d’un père orfèvre prospère, c’est grâce à sa mère, Sofia Khatun, qui aidait constamment les pauvres demandant la charité, qu’il s’intéresse à la cause des plus démunis. 

Après l’obtention d’un doctorat de l’université Vanderbilt (Tennessee, Etats-Unis), Muhammad Yunus retourne dans son pays et prend la tête du département d’économie de l’université de Chittagong en 1972. Il commence l'étude économique de la pauvreté en 1974 lorsque la famine fait rage au Bangladesh. 

«La pauvreté était flagrante, de toutes parts, je ne pouvais m'en détourner», a-t-il raconté en 2006. «Il m'était difficile d'enseigner de belles théories d'économie dans une salle de classe universitaire (...) Il fallait que je fasse quelque chose d'immédiat pour aider les gens autour de moi». 

Selon la Fondation Nobel, sa toute première initiative a consisté à prêter son propre argent à des vanniers démunis. Grâce à la création de ses petits crédits destinés aux personnes trop pauvres pour bénéficier des prêts bancaires traditionnels, Muhammad Yunus peut se vanter d’avoir aidé des millions de personnes à échapper à la pauvreté. 

«Nous avons créé un monde sans esclavage, un monde sans variole, un monde sans apartheid. Créer un monde sans pauvreté serait le plus grand de tous ces accomplissements», a-t-il expliqué. «Un monde dans lequel nous pourrions tous être fiers de vivre». 

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