Au lendemain des annonces du gouvernement sur un potentiel allongement du délai de carence pour les fonctionnaires, quatre syndicats hospitaliers ont déposé un préavis de grève du 4 novembre au 21 décembre prochain. Ils dénoncent «une insulte au monde de l’hôpital».
«Gouvernement anti-fonctionnaires», «hypocrisie», «injustice»… Les syndicats de fonctionnaires ont vivement réagi à l'annonce par le gouvernement du durcissement des conditions d'indemnisation des arrêts maladie pour les fonctionnaires. Ces mesures font partie d'un total de 5 milliards d'euros d'économies additionnelles dévoilées dimanche par le gouvernement et qui feront l'objet d'amendements au budget.
Quatre syndicats (CGT, FO, SUD et Unsa) de la fonction publique hospitalière ont ainsi déposé un préavis de grève national du 4 novembre au 21 décembre, selon un courrier adressé à la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq. Seule la CFDT ne s’est pas associée au mouvement.
Aligner la fonction publique sur le privé
Dans le détail, le ciblage des congés de maladie dans la fonction publique vise à économiser 1,2 milliard d'euros. Le gouvernement veut passer à trois jours de carence, contre un actuellement, pour faire en sorte que l'indemnisation commence au quatrième jour, et que les arrêts soient moins bien rémunérés, à hauteur de 90% de salaire, contre 100%.
Le gouvernement explique que ces mesures ne feraient qu'aligner la fonction publique sur le secteur privé. Mais pour les jours de carence, l’argument «ne tient pas», selon les syndicats, qui rappellent que dans le privé, 75% des salariés bénéficient d’une prise en charge par leur entreprise ou leur mutuelle, ce qui n’existe pas dans la fonction publique.
L’annonce du dépôt de ce préavis a été faite à la veille d’une journée nationale de grève ce mardi 29 octobre pour protester contre le budget de la Sécurité sociale, jugé «en deçà des besoins». L’intersyndicale (aussi composée de CGT, FO, SUD et Unsa pour le 29 octobre) réclame une hausse du budget «qui doit tendre vers les 10%».
«arrêter le fonctionnaire bashing»
La volonté gouvernementale de durcir les conditions d'indemnisation des arrêts maladie des fonctionnaires est «une proposition populiste», a dénoncé ce mardi la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, appelant à «arrêter le fonctionnaire bashing» et à contrer la dégradation des conditions de travail. «Cette annonce a été vécue comme une insulte par les plus de 5 millions de fonctionnaires, qu'on fait encore une fois passer pour des privilégiés et pour des gens qui choisiraient d'être en arrêt maladie», a affirmé la dirigeante syndicale.
Cette «proposition populiste ne va pas résoudre le coeur du problème, la hausse des arrêts maladie», qui «augmentent dans la fonction publique en raison de la dégradation considérable des conditions de travail, plus que dans le privé», par exemple dans les hôpitaux, a plaidé Sophie Binet. Et «ça va défavoriser principalement les femmes, majoritaires dans la fonction publique et très concernées par les arrêts courts, par exemple en cas d'endométriose», a-t-elle relevé.
Plus globalement, l’intersyndicale dénonce un PLFSS insuffisant. Elle réclame notamment la suppression des journées de carence, une «indemnisation à 100% en cas de maladie», un «renforcement significatif des moyens financiers» alloués à l’hôpital public «dans le cadre du PLFSS» ou encore une hausse des salaires. Le gouvernement table sur une hausse de 18 milliards d’euros des dépenses de sécurité sociale en 2025, au-delà de l’inflation mais inférieure à la hausse de 2024 (5,3%).