La justice belge a condamné à 17 et 14 ans de prison les deux principaux prévenus dans le plus grand procès de trafic de drogue instruit en Belgique, pays devenu une plaque tournante pour le commerce de cocaïne en Europe.
Un procès hors norme et historique. Ce mardi 29 octobre, la justice belge a rendu ses décisions dans le méga procès «Encro» ciblant une centaine de narcotrafiquants.
Au total, 128 individus comparaissaient à Bruxelles dans ce gigantesque dossier judiciaire auxquels s’ajoutaient quatre entreprises, soupçonnés d’avoir uniquement servi à dissimuler des activités illégales.
Une vingtaine d’entre eux ont assisté au jugement menottés, au Justitia, l’ancien siège de l’OTAN reconverti en bâtiment de justice pour les procès nécessitant une sécurité renforcée.
JUSQU'À 17 ANS DE PRISON
Parmi les suspects, aux nationalités diverses - albanaise, colombienne, belge, kosovare, ukrainienne ou originaires du Maghreb - une douzaine d'hommes étaient poursuivis comme «dirigeants» présumés d'une organisation criminelle, dont l'Algérien Abdelwahab Guerni.
Ce dernier a été le plus lourdement condamné, à dix-sept ans de prison, alors que le procureur en avait requis vingt. «C'est un jugement extrêmement sévère», a réagi son avocat Gilles Vanderbeck.
L'Albanais Eridan Munoz Guerrero, gestionnaire présumé de plusieurs laboratoires de transformation de cocaïne à Bruxelles, arrêté en octobre 2021 par la police belge, a lui écopé de quatorze ans de prison. Parmi les exécutants figure également un policier condamné à cinq ans pour avoir fourni au réseau des informations en provenance des banques de données de la police.
Concrètement, si 9 prévenus ont été acquittés, 119 ont été condamnés à des peines de prison allant de quatorze mois à dix-sept ans. «Le tribunal a prononcé également des peines de confiscation pour plusieurs dizaines de millions d'euros», a-t-il indiqué dans un communiqué.
UN VASTE TRAFIC INTERNATIONAL de drogue
Tout avait commencé le 9 mars 2021 avec une vague de perquisitions. Plus de 1.800 policiers belges, néerlandais et français avaient été mobilisés suite aux premiers décryptages des messageries EncroChat puis SkyECC. Des armes, un million d’euros en liquide, 160 tonnes de cannabis, et 17 tonnes de cocaïne avaient été saisis.
Le procès a été baptisé «Encro» car pour confondre les suspects, les enquêteurs se sont appuyés en bonne partie sur le décryptage des messageries Encrochat et Sky ECC, très prisées des narcotrafiquants. Certains prévenus y usaient de multiples pseudonymes.
La drogue était en général acheminée dans des conteneurs en provenance d'Amérique du Sud et du Maroc, via le port belge d'Anvers, première porte d'entrée en Europe pour la «blanche», mais aussi ceux de Rotterdam (Pays-Bas), Hambourg (Allemagne) et du Havre (France), selon l'accusation.