Malgré le conflit entre Israël et le Hamas, le bilan annuel des journalistes décédés dans l’exercice de leurs fonctions est en baisse en 2023, selon Reporters sans frontières. Au total, 45 journalistes ont perdu la vie cette année, contre 61 l’an passé.
2023, une année moins meurtrière pour les journalistes ? Selon le bilan annuel de Reporters sans frontières, publié ce jeudi, 45 journalistes ont perdu la vie cette année dans l’exercice de leurs fonctions, contre 61 l’an passé. Un constat surprenant alors que le conflit entre Israël et le Hamas se montre particulièrement meurtrier pour les journalistes, 17 d’entre eux y ayant perdu la vie en pratiquant leur métier.
Une baisse régulière
Malgré cette guerre, il faut remonter 21 ans en arrière pour trouver un bilan plus bas que cette année, dont plus du tiers des pertes est lié au conflit au Proche-Orient, dont 13 rien qu’à Gaza. Au total, 33 journalistes ont perdu la vie en 2002.
Ce bilan de 2023 «ne réduit en rien la tragédie à Gaza», précise le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. En revanche, une baisse régulière est tout de même constatée par rapport aux années noires qu’étaient 2012 et 2013 où plus de 140 journalistes ont perdu la vie, principalement en raison des guerres en Syrie et en Irak.
Un bilan toutefois incomplet
Cependant, le décompte mondial, arrêté au 1er décembre, «ne comprend pas les journalistes tués en dehors de leurs fonctions, ceux qui n'ont pas été tués en tant que tels, ni ceux dont les circonstances de la mort demeurent inconnues», précise Reporters sans frontières.
Un critère qui pourrait nettement réhausser le bilan 2023. Car, selon l’organisation, au total, depuis l’attaque du Hamas en Israël, déclenchée le 7 octobre dernier, ce sont «63 journalistes» qui ont perdu la vie au Proche-Orient, en lien ou non avec leur profession. En plus des 13 journalistes tués à Gaza, le conflit a causé la mort de trois journalistes en exercice au Liban et d’un autre en Israël, tué par les terroristes du Hamas.
«Crimes de guerre»
Face à ce triste constat, RSF avait déposé une plainte en novembre dernier devant la Cour pénale internationale pour «crimes de guerre» commis contre des journalistes à Gaza et un journaliste israélien. Le 13 octobre dernier, un bombardement a tué dans le sud du Liban un journaliste vidéo de l’agence Reuters, Issam Abdallah, et en a blessé six autres, dont la photographe de l’AFP Christina Assi, grièvement atteinte. La semaine dernière, l’AFP a publié une enquête qui désigne un obus de char israélien comme responsable. Interrogé sur ce sujet, un porte-parole de l'armée israélienne avait souligné que le lieu où se trouvaient les journalistes était «une zone de combat active».
Des explications «pas satisfaisantes», selon Christophe Deloire, qui estime «qu'il y a beaucoup d'éléments pour qu'Israël soit mis face à ses responsabilités». Le conflit en Ukraine a, quant à lui, coûté la vie à deux journalistes en 2023, dont le reporter de l'AFP Arman Soldin, «seul journaliste à avoir perdu la vie dans un autre pays que le sien» cette année, sur un total de 11 depuis l'invasion russe de février 2022.
Le Mexique, zone sensible pour le journalisme
Si le bilan global 2023 est en baisse, cela s’explique notamment pas la «baisse notable» de morts en Amérique latine. Cette année, six journalistes sont morts, contre 26 en 2022. Et c’est le Mexique qui compte le plus de journalistes décédés durant leurs fonctions (quatre en 2023, contre 11 l’an passé). Ce pays est tout simplement la zone la plus meurtrière pour la profession, derrière Gaza.
Cette «baisse notable» ne veut pourtant pas dire que la sécurité s’améliore pour la presse dans ce pays. Cela se constate notamment avec «les trois enlèvements de reporters et les attaques armées contre quatre journalistes en fin d’année 2023», précise le rapport de RSF. D'ailleurs, sur un total de 84 journalistes portés disparus, près d'un sur trois est mexicain, relève l'ONG.