Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU va ouvrir une enquête internationale sur la sanglante répression des manifestations anti-régime en Iran.
Le régime des Mollahs dans le viseur de l'ONU. Réunis en urgence à l'initiative de l'Allemagne et de l'Islande, les 47 Etats membres du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies ont voté pour nommer une équipe d'enquêteurs chargée de faire la lumière sur toutes les violations des droits humains liées à la répression des manifestations anti-régime en Iran.
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At its 35th special session, the @UN Human Rights Council decided to create a new fact-finding mission to investigate "alleged #HumanRightsViolations in the Islamic Republic of #Iran related to the protests that began on 16 September 2022."#SS35 pic.twitter.com/d1wqPCC7fy— UN Human Rights Council (@UN_HRC) November 24, 2022
Pendant les débats, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, dont la demande de visite en Iran est restée jusqu'à présent lettre morte, a appelé Téhéran à «cesser» son «usage inutile et disproportionné de la force».
«La situation actuelle est intenable», a-t-il dit. Avant de souligner devant la presse qu'il est «important qu'il y ait un moratoire sur la peine de mort et que le gouvernement écoute le peuple et entende ce qu'il a à dire, et s'engage dans un processus de réforme car le changement est inévitable».
plus de 50 enfants tués
De nombreux diplomates occidentaux ont aussi dénoncé la répression des manifestations qui, depuis plus de deux mois, a fait au moins 416 morts, dont plus d'une cinquantaine d'enfants, selon l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège.
Cette vague de contestation - née de revendications pour les femmes après la mort de Mahsa Amini, arrêtée pour avoir mal porté le voile islamique, qui se sont transformées en contestation du pouvoir - est sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979. Selon le Rapporteur spécial de l'ONU sur l'Iran, plus de 15.000 personnes ont été arrêtées.
La justice iranienne a déjà prononcé six condamnations à mort en lien avec les manifestations et a annoncé cette semaine l'arrestation en deux mois de «40 étrangers» accusés d'implication dans les «émeutes» en Iran.
difficile récolte de preuves
«Femme, Vie, Liberté : c'est avec ce slogan si simple, et si fort, que les Iraniennes et les Iraniens rappellent, depuis plus de deux mois, les valeurs qu'ils défendent», a déclaré pendant les débats la représentante française à l'ONU, Emmanuelle Lachaussée.
«Le peuple iranien réclame quelque chose de si simple, quelque chose que la plupart d'entre nous considèrent comme allant de soi : la possibilité de parler et d'être entendu», a renchéri l'ambassadrice américaine Michèle Taylor, des membres de sa délégation brandissant des photos des victimes.
Cette mission d'enquête internationale indépendante - qui a peu de chance de pouvoir se rendre en Iran - devra collecter les preuves des violations et les conserver de manière à ce qu'elles puissent servir à d'éventuelles poursuites.
chine et russie en soutien à l'Iran
Téhéran, qui voit dans la plupart de ces manifestations des «émeutes» et accuse notamment des forces étrangères d'être derrière ce mouvement pour chercher à déstabiliser la République islamique, a d'ores et déjà fait part de sa vive opposition à toute enquête.
L'une des représentantes iraniennes dépêchées jeudi par Téhéran devant le Conseil, Khadijeh Karimi, a accusé les pays occidentaux de «manquer de crédibilité morale» pour faire la leçon à son pays, dénonçant les sanctions américaines et européennes.
Sans surprise, la Chine, la Russie, le Venezuela et Cuba ont apporté pendant les débats leur soutien à l'Iran, l'ambassadeur chinois Chen Xu défendant comme à son habitude «le dialogue et la coopération (...) pour promouvoir et protéger les droits de l'homme».