Alors qu'un embrasement se profile au Proche-Orient, après une attaque massive de missiles iraniens sur Israël ce mardi 1er octobre, le développement de l'arme nucléaire par l'Iran reste une menace préoccupante.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, avait reconnu le 19 juillet dernier que la «situation n’est pas bonne» concernant la menace du développement de l’arme nucléaire par l’Iran. Alors que les tensions au Proche-Orient ne cessent de croître avec Israël, qu'en est-il ? Si cette menace est encore lointaine et soumise à de nombreuses incertitudes, le fait que l’Iran puisse posséder l’arme nucléaire continue d’inquiéter depuis de nombreuses années.
Et pour cause, l’Iran a réduit à «une ou deux semaines» le délai nécessaire pour produire des matières fissiles en vue d'une arme nucléaire, avait déclaré le 19 juillet le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, réitérant l'engagement des Etats-Unis à empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.
des données bloquées à 2021
«L'Iran, en raison de la fin de l'accord nucléaire, au lieu d'être à au moins un an d'avoir la capacité de produire des matières fissiles pour une arme nucléaire, est maintenant probablement à une ou deux semaines de pouvoir le faire», avait affirmé le secrétaire d'Etat lors d'un forum sur la sécurité à Aspen, dans le Colorado (ouest).
Antony Blinken s’était basé sur un rapport de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), datant de juin dernier, a indiquant que l'Iran continue d'accroître ses capacités nucléaires, installant davantage de cascades (série de centrifugeuses et machines utilisées dans le processus d'enrichissement de l’uranium, ndlr) dans les installations d'enrichissement de Natanz et de Fordow.
Pourtant, en se penchant sur les résultats de l’AIEA, ces derniers sont restés les mêmes qu'en 2021, lorsque que l'agence avait annoncé à l'époque que l'Iran avait commencé à produire de l'uranium enrichi à 60% dans son usine de Fordo, se rapprochant des 90% nécessaires pour produire une bombe atomique.
Cela s'explique par le fait que depuis 2021, l'Iran refuse catégoriquement à l'AIEA de se rendre sur les sites concernés, ce qui rend la situation difficile à évaluer. L'agence ne peut ainsi que confirmer que l'Iran continue d'essayer d'obtenir le nucléaire, sans toutefois pouvoir situer précisément l'avancée de tels travaux.
Une reprise du dialogue presque impossible
Pour mieux comprendre la situation, il faut remonter jusqu'en 2018. A l'époque, les Iraniens respectaient alors totalement leurs engagements sur le nucléaire. Mais l'ancien président des Etats-Unis, Donald Trump avait demandé une renégociation de l'accord signé en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, visant à empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire.
Les discussions n'ont pas pu aboutir, et les dialogues se sont envenimés. A l'été 2019 puis en janvier 2020, après l’assassinat du général Soleimani par un drone américain, l'Iran a décidé de bafouer l'accord, estimant que les États-Unis ne respectaient pas leurs engagements.
Cet accord prévoyait en effet un seuil d'enrichissement en uranium de 3,67%, bien loin des 60% actuellement. Dans cette optique, l'Iran avait accepté de geler ses activités d'enrichissement à Fordo, cette usine souterraine située à 180 kilomètres au sud de Téhéran. Ainsi, le site avait été remis en service en 2019 et récemment modifié en vue d'obtenir une meilleure efficacité.
Aujourd'hui, au vue de la situation particulièrement tendue au Moyen-Orient depuis les attaques du 7-Octobre en Israël, une reprise du dialogue semble d'autant plus difficile.