Pour les ressortissants français, il est temps de quitter l'Afghanistan. Voilà le coeur du discours tenu par l'ambassade de France à Kaboul, ce mardi 13 juillet. En raison de «l'évolution de la situation sécuritaire» dans le pays, le gouvernement français mettra en place un vol spécial de retour le 17 juillet au matin. Et il n'y en aura pas d'autre.
David Martinon, l'ambassadeur de France, précise que «moins d'une centaine» de ressortissants Français sont recensés par ses services en Afghanistan. Il leur est formellement recommandé à tous de monter dans l'avion prévu le 17 juillet «ou de quitter le pays immédiatement par leurs propres moyens». S'il font le choix de rester, l'ambassade les informe qu'elle «ne sera plus en mesure d'assurer la sécurité de (leur) départ».
Réaffirmant son soutien, «aujourd'hui plus que jamais», à «la République islamique d'Afghanistan», David Martinon a indiqué que l'équipe de l'ambassade de France à Kaboul était toujours «au travail» pour l'instant. En vertu du droit d'asile, les personnels afghans, ceux des institutions qui dépendent de l'ambassade ainsi que ceux de l'ONG française Amitié franco-afghane (Afrane), ont en revanche été évacués en direction de l'Hexagone ces dernières semaines.
La situation dans le pays s'est tendue depuis le début du mois de mai, lorsque les troupes étrangères ont entamé leur retrait définitif du pays, qui doit s'achever d'ici la fin août. Elles étaient présentes en Afghanistan depuis 20 ans, dans le cadre d'une coalition menée par les Etats-Unis sous l'égide de l'Otan. Les talibans ont profité de leur départ pour mener une violente offensive contre les forces afghanes.
Les talibans «tuent sans discrimination des civils»
Ces dernières ne contrôlent plus essentiellement que les grands axes et les capitales provinciales, dont certaines sont encerclées. Leurs adversaires se sont notamment emparés de vastes territoires ruraux. Les talibans ont aussi mis la main sur plusieurs districts de provinces voisines de Kaboul, laissant craindre des attaques prochaines visant la capitale et son aéroport. L'unique porte de sortie pour les étrangers.
«Les talibans pillent, incendient, détruisent des bâtiments et les réseaux d'énergie et de communication. Ils détiennent et tuent sans discrimination des civils», affirme l'ambassadeur de France. Il poursuit : «Dans les territoires qu'ils occupent», ils «répriment les droits humains, des femmes et des filles» et «étouffent la liberté d'expression».
Dénonçant «le mépris total des talibans pour l'état de droit», David Martinon appelle à «la fin de l'offensive militaire en cours», qui menace «les progrès politiques et sociaux» réalisés par les Afghans ces vingt dernières années. Il défend le maintien de «l'effort de coopération» entre la France et l'Afghanistan sans lequel le pays retombera, selon lui, «dans les ténèbres d'un régime d'un autre temps».