Un haut responsable iranien a laissé entendre dans un entretien à l'AFP que les autorités de Téhéran pourraient se montrer plus accommodantes qu'elles ne l'ont été par le passé en approuvant davantage de candidats aux législatives devant avoir lieu en février.
«Nous ne nous considérons pas à l'abri des critiques, nous pourrions également accepter que des erreurs aient pu être commises dans le passé», a déclaré à l'AFP Abbas Ali Kadkhodaï, porte-parole du Conseil des Gardiens de la Constitution.
«Mais pour les prochaines élections législatives, on essaie de réduire nos erreurs et de respecter le droit des candidats», a ajouté M. Kadkhodaï, alors que s'ouvre dimanche la période de dépôt officiel des candidatures pour ce scrutin programmé pour le 21 février.
Organe de contrôle où les ultraconservateurs sont majoritaires, le Conseil des Gardiens a un rôle qui s'apparente à celui du Conseil constitutionnel français. Il est notamment responsable de l'organisation et du contrôle des législatives et il lui appartient en particulier de valider les candidatures.
«Si on insiste bien sur l'exécution de la loi, on réussira à contenter le maximum de candidats», a déclaré M. Kadkhodaï dans cet entretien réalisé samedi soir.
Par le passé, le Conseil des Gardiens a été accusé en Iran, notamment par les réformateurs, d'avoir censuré des candidatures pour des motifs plus politiques que constitutionnels.
Coller à la loi
En novembre, le président iranien Hassan Rohani, conservateur modéré, avait appelé le Conseil des Gardiens à se borner à la stricte application de la loi électorale en vue des prochaines législatives.
Lors du dernier scrutin législatif en février 2016, le Conseil des Gardiens avait autorisé 6.229 candidats, dont 586 femmes, à briguer un des 290 sièges en jeu, soit un peu plus de 51% des candidatures qui avaient été déposées.
Au cours de l'entretien, M. Kadkhodaï a laissé entendre qu'un nombre plus élevé de candidats retenus devrait permettre aussi d'atteindre «un taux de participation plus élevé».
La période de dépôt des candidatures, qui court jusqu'au 7 décembre, s'ouvre alors qu'une centaine de villes iraniennes ont été touchées mi-novembre par un mouvement de contestation ayant suivi l'annonce surprise d'une forte hausse du prix de l'essence, en pleine crise économique.
Les autorités disent avoir ramené le calme après quelques jours de manifestations et de violences, qu'elles ont qualifiées d'«émeutes» soutenues et encouragées par des «ennemis» de la République islamique, comme les Etats-Unis, Israël ou l'Arabie saoudite.
Selon l'ONG de défense des droits humains Amnesty International, 161 manifestants auraient été tués dans la répression de ces troubles.
Cité samedi par l'agence officielle Irna, Jamal Orf, vice-ministre de l'Intérieur, a jugé ce chiffre «exagéré» et indiqué que les autorités comptaient publier, à une date non précisée, leur bilan des troubles, sur la base des chiffres de l'institut médico-légal national.
«Sanctions injustes»
Pour M. Kadkhodaï, ces récents troubles ne sont pas le signe d'un rejet du système politique de la République islamique.
Le peuple va «continuer de soutenir le pays malgré les difficultés, comme il a supporté patiemment les sanctions économiques injustes imposées par les pays occidentaux» et les gens «vont continuer à suivre le système politique iranien», prédit-il.
Frappée de plein fouet par le rétablissement et l'intensification de sanctions économiques américaines depuis août 2018, après la décision de Washington de se retirer unilatéralement de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015, la République islamique traverse une violente récession.
Le PIB iranien devrait reculer de 9,5% cette année, selon le Fonds monétaire international (FMI).
«Il peut arriver parfois que le taux de participation soit faible lorsque le peuple n'est pas content de la situation économique du pays», a encore déclaré M. Kadkhodaï, mais, aux prochaines législatives, «nous sommes sûrs que nous aurons un bon taux de participation, même s'il est inférieur à ce qu'il a pu être par le passé».
«Généralement en Iran, le taux de participation se situe entre 50% et 70%, en fonction de la situation économique et sociale du pays», note le porte-parole du Conseil des Gardiens.
«Même si le taux de participation est faible, cela ne met pas en danger le système politique iranien», a-t-il ajouté. «Nous savons qu'il y a des hauts et des bas suivant les élections» et «personnellement je prévois et j'espère que le taux sera supérieur à 50%» aux législatives.