En direct
A suivre

Bolivie, Hong Kong, Iran, le retour de l'influence américaine ?

Donald Trump avec son vice-président, Mike Pence, et son secrétaire d'Etat, Mike Pompeo. Donald Trump avec son vice-président, Mike Pence (à gauche), et son secrétaire d'Etat, Mike Pompeo.[SAUL LOEB / AFP]

Ces dernières semaines, de nombreux mouvements sociaux ont émaillé l'actualité internationale. Les Etats-Unis, par leur intervention diplomatique, y jouent dans chacun des cas un rôle important.

Les manifestations pro-démocraties à Hong Kong ont ainsi reçu du soutien de la part des Etats-Unis. Le vote à l'unanimité du Sénat américain en faveur d'un texte soutenant «les droits de l'Homme et la démocratie» dans l'ancienne colonie britannique est la dernière décision en date des Etats-Unis concernant une puissance étrangère. Promulgué par Donald Trump, le texte prévoit également une potentielle suspension du statut économique spécial accordé par les Américains.

«Aujourd’hui, le Sénat américain a envoyé un message clair aux Hongkongais qui luttent pour les libertés auxquelles ils sont attachés de longue date : nous vous entendons, nous restons à vos côtés, et nous ne resterons pas sans réagir pendant que Pékin sape votre autonomie», a déclaré le sénateur républicain Marco Rubio.

Une mesure et des déclarations qui n'ont pas plu à Pékin, qui considère ce vote comme une interférence des USA dans ses affaires. Le gouvernement chinois se réserve le droit de riposter si le texte est définitivement adopté. Pour James Peter Burgess, titulaire de la chaire de géopolitique du risque de l'ENS à Paris, cette décision «permet une confrontation indirecte avec la Chine», alors que les deux pays sont économiquement rivaux.

Mais ces menaces à l'égard des Chinois ne concernent pas uniquement les manifestations à Hong Kong mais également la situation des Ouïghours. Cette minorité musulmane chinoise est victime d'enfermement massif, que Pékin justifie au nom de la lutte contre le terrorisme. La Chambre des représentants américaine s'est prononcée en faveur de l'application de sanctions contre de hauts responsables du Xinjiang, région du nord-ouest de la Chine où les Ouïghours vivient.

 

«il n'y a rien de cohérent qui sort de la politique internationale américaine»

Mais Hong Kong n'est pas le seul pays visé par les décisions américaines. Il y a une semaine, les Etats-Unis se sont empressés de reconnaître Jeanine Áñez, la présidente autoproclamée de Bolivie par intérim après la fuite de l'ancien président Evo Morales au Mexique. 

Alors même que celle-ci n'a pas été élue par les urnes et qu'elle a profité d'un vide démocratique lors d'une procédure contestable pour prendre le pouvoir. La nouvelle dirigeante, qui s'affiche comme une fervente chrétienne conservatrice, convient mieux aux intérêts américains qu'Evo Morales. 

En Iran, après avoir prononcé en 2019 des sanctions financières et un embargo qui a vidé les caisses de la république islamique, les Etats-Unis, par la voix de leur secrétaire d'Etat, Mike Pompeo, affichent leur soutien aux manifestants descendus dans la rue contre une augmentation des prix de l'essence. «Tout ce qui peut mettre à mal le régime iranien est bon à prendre pour les Etats-Unis», selon James Peter Burgess.

«Comme je l'ai dit au peuple iranien il y a déjà près d'un an et demi : les Etats-Unis sont avec vous.»

Cette accumulation de décisions est-elle le fruit d'une nouvelle politique pensée et réfléchie ? Selon James Peter Burgess, «il n'y a rien de cohérent qui sort de la politique internationale américaine». Très récemment, la décision de Trump de retirer les troupes américaines de Syrie a également rajouté du flou sur ses intentions en matière de politique étrangère.

Pour Nicole Bacharan, politologue spécialiste des Etats-Unis, les récentes déclarations de l'administration américaine ne sont que des propos d'estrade. «Les mouvements soutenus en ce moment par l’administration américaine ne doivent pas se faire d’illusions sur la force ou la cohérence de ce soutien, car je doute fort que cela aille au delà du déclaratif». «Nous allons cesser la course pour renverser les régimes étrangers», déclarait en effet Donald Trump peu après son élection en 2016 lors d'un meeting en Caroline du Nord

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités