La «première Brésilienne» dont on ait retrouvé la trace, Luzia, est partie en fumée à mesure que son fossile datant de 12.000 ans se consumait dans l'incendie qui a ravagé dimanche soir le Musée national de Rio de Janeiro.
«Luzia est une perte inestimable pour tous ceux qui s'intéressent à la civilisation», a déclaré à l'AFP Paulo Knauss, directeur du Musée national, autre haut lieu du patrimoine brésilien.
Joyau de la collection du musée, qui comptait plus de 20 millions de pièces de valeur, Luzia est le premier fossile humain découvert au Brésil, en 1970, dans l'Etat de Minas Gerais (sud-ouest), lors d'une mission dirigée par l'anthropologue française Anette Laming-Emperaire.
À partir de son crâne, des chercheurs de l'Université de Manchester, en Grande-Bretagne, sont parvenus à réaliser une reconstitution numérique de son visage, qui a inspiré une sculpture exposée au musée.
«Il faut arrêter de parler au passé, et penser à l'avenir»
«Luzia est morte dans l'incendie», a déploré Katia Bogea présidente de l'Institut du Patrimoine artistique national (Iphan), citée par le quotidien Estado de S.Paulo.
Elle dénonce une «mort annoncée», pointant du doigt les fortes coupes budgétaires qui affectent la préservation du patrimoine brésilien.
Pour Paulo Knauss, ce manque de moyens est dû «à une crise institutionnelle, une crise de valeurs» qui touche le pays depuis plusieurs années.
«C'est un problème ancien, mais il faut arrêter de parler au passé, et penser à l'avenir, (...) pour inverser un processus qui nous fait honte face aux prochaines générations», conclut-il.
Considéré comme le principal musée d'histoire naturelle d'Amérique Latine, le Musée national de Rio de Janeiro, qui a célébré son bicentenaire en juin, était notamment réputé pour la richesse de ses collections de paléontologie.
L'ancien palais impérial abritait le squelette d'un dinosaure trouvé dans le Minas Gerais ainsi que 26.000 fossiles d'autres espèces disparues, comme le tigre à dents de sabre.