Élue à la tête de Paris le 30 mars 2014 pour la première fois, Anne Hidalgo a annoncé ce mardi 26 novembre qu'elle ne sera pas candidate en 2026 pour un troisième mandat. Réduction du nombre de voitures, pistes cyclables, voyage en Polynésie... L'édile aura alterné entre louanges et vives critiques en tant que maire. Voici 10 moments marquants depuis sa première élection.
«Je ne me présenterai pas à un troisième mandat. C'est une décision que j'ai prise depuis longtemps». Dans un entretien au quotidien Le Monde publié ce mardi, la maire de la capitale, aux commandes depuis 2014, a annoncé ne pas se représenter en 2026, choisissant le sénateur PS Rémi Féraud pour préparer sa succession.
Réélue au sortir de son premier mandat en 2020 face à l'actuelle ministre de la Culture Rachida Dati, la représentante du Parti socialiste a depuis été au cœur de nombreuses polémiques, mais également saluée pour son implication dans plusieurs dossiers.
Voici 5 polémiques et 5 défis réussis par Anne Hidalgo depuis 10 ans.
voyage en polynésie
Indéniablement la plus grosse polémique pour Anne Hidalgo sur ces derniers mois outre sa volonté de maintenir les anneaux des Jeux olympiques de Paris sur la tour Eiffel, son voyage à Tahiti, en Polynésie, avait été vivement critiqué.
En octobre 2023, la maire de Paris s'était rendue sur le site de compétition du surf pour les JO, sauf que cette dernière avait finalement laissé le soin à son adjoint délégué aux Sports Pierre Rabadan de visiter Teahupoo.
La responsable politique de 64 ans avait surtout prolongé son voyage pour rendre visite à sa fille, «à ses frais» selon elle. Cependant, une perquisition a été menée dans les locaux de la mairie de Paris le 5 mars dernier, après une ouverture du Parquet national financier (PNF) d'une enquête pour «prise illégale d'intérêts et détournement de fonds publics» en novembre 2023, quelques jours après le voyage d'Anne Hidalgo en Polynésie.
désaccord sur la vente du parc des princes
Autre point noir qui lie sport, attractivité et diplomation : le bras de fer avec le PSG autour de la vente du Parc des Princes ombrage considérablement la toile d'Anne Hidalgo, non sur la décision in fine, mais plutôt sur la posture de l'édile. Dans ce dossier, la maire avait démontré sa fermeté auprès du club de la capitale, signifiant que la Ville ne vendra pas son stade au Paris Saint-Germain.
De son côté, le président du PSG Nasser al-Khelaïfi disant vouloir «construire le plus vite possible» une nouvelle enceinte, a estimé le 21 novembre que la mairie de Paris «ne nous laisse pas le choix». Un bras de fer dont l'issue semble de plus en plus claire, qui pourrait faire de la Ville la grande perdante.
PARIS SANS VOITUREs
Si la maire PS a toujours fixé comme première bataille la transition écologique de Paris, son projet d'une capitale sans voiture est encore loin d'être accompli.
Depuis 2014, plusieurs accès ont été restreints aux véhicules à moteur dans le centre de Paris, et la vitesse a été abaissée sur le boulevard périphérique de 70km/h à 50km/h depuis septembre, provoquant un tollé.
Pour autant, la faisabilité d'une commune telle que Paris démunie de véhicules et réservée aux mobilités douces semble un doux rêve, bien qu'Anne Hidalgo multiplie les journées sans voitures tous les premiers dimanches de chaque mois dans plusieurs quartiers du centre.
PROPRETÉ et santé publique
Paris ville lumière mais Paris ville propre ? Sujet épineux dans la capitale, la propreté de la ville est grandement remise au cœur du débat à chaque Conseil de Paris par l'opposition. Interpellée en novembre 2023 par l'acteur et comédien parisien Fabrice Lucchini chez nos confrères du Figaro, jugeant que la capitale est devenue «inhabitable», Anne Hidalgo a reconnu que la propreté était un défi majeur.
En 2021, l'édile avait d'ailleurs lancé son plan de propreté, toujours remis en doute par les maires d'arrondissement qui dénoncent une amputation de leurs pouvoirs en la matière. L'image d'une ville «sale» est également devenue un marronnier à la suite de la présence en nombre des rats à Paris sur ces dernières années, appelés plus formellement «surmulots», par la municipalité.
Outre les débats autour des dégradations et de la saleté à Paris, le quartier de Stalingrad en proie au trafic de crack a également été au centre de vives polémiques. Pointée du doigt, la maire de la capitale a régulièrement déploré l’inaction de la préfecture de région et de l’Agence régionale de santé.
GESTION DE LA TOUR EIFFEL
Alors que l'un des monuments les plus emblématiques de Paris, dont le rayonnement à l'international suscite toujours passion et admiration, reste la tour Eiffel ; sa gestion pose question. Les salariés de la Sete (Société d'exploitation de la tour Eiffel) se sont d'ailleurs mis en grève en février dernier pour dénoncer un abandon du site par la Ville, qui nécessiterait d'importants travaux de rénovation.
Dernière étape en date dans ce dossier, Anne Hidalgo avait indiqué à l'époque qu'elle ne voulait pas classer la tour Eiffel monument historique, plaidant une gestion plus sécurisée notamment en matière d'investissements que si l'État en devenait le gestionnaire. Un bras de fer de plus entre la maire et sa rivale Rachida Dati, qui en qualité de ministre de la Culture souhaite une gestion étatique du site.
JO DE PARIS 2024
Au rayon des défis réussis à mettre au crédit d'Anne Hidalgo, la candidature de Paris en qualité de ville organisatrice des Jeux olympiques et paralympiques s'est avérée payante.
Et pour l'édile, le succès des JO cet été a balayé le flot «d'attaques ''trumpistes''» de la droite parisienne portées par sa rivale Rachida Dati - maire du VIIe arrondissement dont le groupe d'opposition Changer Paris a été rétrogradé récemment en deuxième position au Conseil de Paris - contre sa politique de transformation de la capitale qui réduit la place de la voiture. A l'époque, la maire de Paris avait d'ailleurs appelé ses administrés à ne pas quitter Paris durant les Jeux, afin que tout le monde puisse profiter de cette fête populaire.
Le succès des Jeux Olympiques a «confirmé aux yeux de tous que Paris est la plus belle ville du monde, qu'elle était capable de se transformer, d'être plus apaisée, d'avoir moins de pollution tout en préservant son patrimoine», a estimé l'élue.
augmentation des pistes cyclables
L'autre grande révolution insufflée par la maire PS est l’accroissement notable des pistes cyclables dans la capitale. Cheval de bataille d'Anne Hidalgo et de son adjoint en charge des transports David Belliard, le vélo à Paris s'est considérablement développé depuis plusieurs années.
Avec son plan vélo (2015-2020), l'édile a permis le passage à 1.094 km de pistes cyclables (incluant les voies réservées et voies à contre-sens cyclistes, ndlr) dans Paris, pour seulement 200 km dédiés à ces deux roues en 2001.
POLICE MUNICIPALE
Autre volet d'importance pour Paris, la sécurité reste un sujet où la maire s'est grandement impliquée. Recréée en 2021, après sa dissolution il y a plus de 200 ans, la police municipale parisienne compte désormais près de 1.300 agents.
Au Conseil de Paris, la droite avait plaidé pour un armement létal de ces policiers municipaux, là où la majorité rappelait sans cesse le rôle principal de ces derniers : assurer la tranquillisation de l'espace public et soulager la police nationale sur plusieurs aspects.
politique des logements sociaux
En matière de logements sociaux, Anne Hidalgo jouit d'une politique aboutie. Paris dépasse le seuil fixé par la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain) avec 25,2 % de logements sociaux (prenant en compte les logements encore non livrés, ndlr) en 2023, selon les chiffres de l'Apur.
Le nombre de logements sociaux a ainsi augmenté considérablement depuis le premier mandat de la maire PS, qui entend poursuivre sa quête d'une mixité sociale parisienne.
Selon l'Apur, 120.852 logements sociaux ont été financés à Paris entre 2001 et 2022.
Réhabilitation de la fontaine Stravinsky
Autre point sur lequel Anne Hidalgo ne transige pas : le patrimoine parisien. Qu'il soit lié à l'art, l'architecture ou l'histoire, l'édile ne rechigne pas à mettre en lumière sa ville. En novembre 2023, elle s'était rendue à deux pas du Centre Pompidou (4e arrondissement) pour inaugurer la fontaine Stravinsky, entièrement rénovée.
«Cette fontaine va revivre, je veux remercier les restaurateurs de la Ville de Paris qui ont fait un travail extraordinaire pour permettre à l'œuvre de retrouver sa beauté originelle», avait-elle déclaré après plus d'un an de travaux pour redonner aux sculptures du couple Niki de Saint-Phalle - Jean Tinguely ses lettres de noblesse.