En direct
A suivre

Nouvelle-Calédonie : Les incendies d’églises inquiètent et interrogent

L'église Notre-Dame de l'Assomption à Vao, sur l'île des Pins, au sud du territoire français du Pacifique de Nouvelle-Calédonie, le 17 mai 2021. [© Theo Rouby / AFP]

L'insurrection en Nouvelle-Calédonie, à la suite d'un projet de révision constitutionnelle, a mis en lumière un fait inédit. Depuis mi-juillet, cinq édifices catholiques ont été incendiés dans l'archipel.

De l’église Notre-Dame-de-l’Assomption sur l’île des Pins partiellement incendiée à l’église de Saint-Louis partie en flammes, cinq édifices religieux ont été ciblés par des incendies volontaires en Nouvelle-Calédonie, depuis la mi-juillet. Dans chaque cas, des enquêtes ont été ouvertes et confiées à la gendarmerie, sans que les auteurs de ces actes ne soient traduits en justice.

Les églises chrétiennes, protestantes et catholiques, ont une présence prépondérante en Nouvelle-Calédonie depuis l’arrivée des premiers missionnaires à partir de 1843, dix ans avant la prise de possession de l’archipel par la France. Les églises revendiquent près de 150.000 fidèles sur une population globale de 270.000 personnes.

symboles fondamentaux

Selon le Vice-rectorat de la Nouvelle-Calédonie, les enseignements confessionnels scolarisent un élève sur quatre. Ces incendies «atteignent la Nouvelle-Calédonie dans ses symboles fondamentaux», a expliqué Yves Dupas, le procureur de la République de Nouméa, qui a ajouté à cette série l’acte de vandalisme ayant visé le mausolée du grand chef kanak Ataï le 22 juillet dernier. Pour autant, « il est trop tôt pour affirmer qu’il existe un mobile unique», a-t-il ajouté.

Pour Marie-Elizabeth Nussbaumer, anthropologue calédonienne, ces actes violents réactivent un vieux débat. «Les missionnaires sont arrivés avec l’armée. Les religions ont contribué à la déstructuration du monde kanak». Tout en précisant qu’avec le temps et l’évangélisation de l’archipel, «même les discours indépendantistes» s’inspirent d’images religieuses.

«revenir à leur religion d’origine»

L’archevêque catholique de Nouméa, Mgr Michel-Marie Calvet, voit les choses autrement. «On a vu une volonté de détruire tout ce qui représente quelque chose d’organisé. Il y a des amalgames sur la question de la colonisation», dénonce-t-il. «On a contribué à changer le paysage kanak, à le déformer. Il faut sortir du déni et reconnaître certaines choses», estime au contraire le pasteur Var Kaemo, président de l’Église protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie (EPKNC, réformée).

Si le responsable de la principale église protestante historique de l’archipel n’a pas de réponse au phénomène, il dit avoir entendu des jeunes, sur des barrages, exprimer leur volonté de «revenir à leur religion d’origine», celle préexistant à l’arrivée des missionnaires chrétiens. Et il pointe l’essor de nouvelles dénominations, notamment évangéliques, qui affaiblissent les confessions chrétiennes historiques.

Une vision partagée par Zénon Wejieme, doctorant en anthropologie travaillant sur le développement de ces nouveaux courants religieux, qui observe un décalage entre les Églises historiques et une jeunesse avec laquelle elles «ont bien du mal à être en phase».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités