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Réforme des retraites : une 12e journée de mobilisation qui s'annonce décisive dans un contexte tendu pour Emmanuel Macron

Entre 400.000 et 600.000 personnes sont attendues dans les rues, ce jeudi 13 avril, pour cette 12e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. [Thomas SAMSON / AFP]

A la veille de la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites, une 12e journée de mobilisation se tiendra ce jeudi 13 avril dans toute la France. Près de 600.000 personnes sont attendues dans les rues pour cette journée qui s'annonce décisive, dans un contexte très tendu pour Emmanuel Macron.

Une journée décisive. Ce jeudi 13 avril se tiendra la 12e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, organisée par l’intersyndicale dans toute la France. Cette manifestation intervient à la veille de la décision du Conseil constitutionnel qui viendra valider ou censurer la réforme, dans un climat global de défiance envers un président de la République de plus en plus isolé, qui essuie des critiques de toutes parts, sur la scène nationale comme internationale. 

Entre 400.000 et 600.000 personnes sont attendues dans les rues, selon une note du renseignement territorial. Dans le cortège parisien, entre 40.000 et 70.000 personnes devraient se retrouver pour battre le pavé à partir de 14h depuis la Place de l'Opéra jusqu'à la Place de la Bastille. L’objectif affiché par les syndicats est clair : mettre une ultime pression sur le pouvoir politique avant la décision finale qui sera rendue par le Conseil constitutionnel. 

Une probable censure partielle du texte

Le Conseil constitutionnel, qui est chargé de contrôler la constitutionnalité des différents volets du projet de loi de réforme des retraites, dispose de trois options : une validation globale, une censure partielle, ou une censure totale avec le retrait du texte. Toutefois le scénario le plus probable demeure celui d’une censure partielle, qui viendrait probablement valider le fond de la réforme, avec notamment le recul de l’âge de départ à 64 ans, tout en retoquant certaines mesures dont l’aspect constitutionnel est discutable.  

Dans ce contexte, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui s'est imposé comme le plus fervent opposant à la réforme, a d’ores et déjà annoncé qu’il respecterait la décision du Conseil constitutionnel. Quant à savoir s’il s’agira pour autant de la dernière manifestation contre le projet, «c’est une possibilité», selon le leader syndical, qui a rappelé que «cela devient de plus en plus dur pour certains salariés parce qu’à chaque fois c’est une perte de salaire».

Après bientôt trois mois de conflit, si les manifestants ont affiché une détermination à toute épreuve, les grèves deviennent cependant moins marquées, notamment à la SNCF, avec trois TGV sur quatre et un TER sur deux et, à Paris, un trafic «quasi normal» pour le métro et le RER, lors de la précédente journée de mobilisation. Des conditions qui devraient être similaires pour cette 12e journée.

Toutefois, plusieurs manifestations spontanées ont eu lieu en France ce mercredi 12 avril pour protester contre le projet de loi du gouvernement. Dans le département du Nord, des étudiants de l’Université de Lille ont ainsi bloqué leur fac et fait annuler leurs partiels, tandis que dans l’Ouest, à Rouen, Rennes et Nantes, plusieurs blocages routiers ont provoqué des embouteillages, rapportent l’AFP et la presse locale. Des étudiants parisiens ont quant à eux appelé à une manifestation, ce vendredi 14 avril, après la décision attendue du Conseil constitutionnel.

Une victoire qui laissera des traces

Si la décision du Conseil constitutionnel vient conforter la réforme des retraites, le président de la République disposera ensuite de 15 jours pour promulguer tout ce qui aura été validé. Dans ce contexte, l’exécutif pourrait communiquer sur «sa victoire» avec la validation de la totalité ou de la quasi-totalité du texte, suivant ainsi le «chemin démocratique» annoncé par Emmanuel Macron en marge de son discours pour dévoiler son «plan eau» dans les Hautes-Alpes.

Il s’agirait donc d’une «victoire» pour Emmanuel Macron, qui aurait ainsi remporté son bras de fer avec les syndicats et les oppositions, mais d'une victoire en demi-teinte. En effet, ce conflit social pourrait laisser plus de traces que prévu, en France, mais aussi à l'étranger. Alors que la cote de popularité du chef de l’Etat ne cesse de descendre pour atteindre son niveau le plus bas depuis l'épisode des gilets jaunes, Emmanuel Macron, en déplacement aux Pays-Bas pour une visite d’Etat, a ainsi été interrompu et rappelé à l’ordre par des manifestants alors qu'il s'apprêtait à prononcer un discours sur l'avenir de l'Europe.

«Où est la démocratie française ?», «Vous avez des millions de manifestants dans les rues», «La convention sur le climat n'est pas respectée», ont hurlé les protestataires depuis les tribunes en déroulant une banderole sur laquelle était écrit : «Président de la violence et de l'hypocrisie». Comme un symbole, ces manifestants, qui se sont adressés à Emmanuel Macron en anglais, montrent l’étendue de la colère qui grandit, en France, comme ailleurs, contre le président français. 

Quelques jours plus tôt, déjà, alors qu’il se trouvait en Chine pour un voyage officiel, Emmanuel Macron s’est également attiré les foudres de ses partenaires occidentaux après des propos polémiques sur l'île de Taïwan, fortement menacée par Pékin depuis plusieurs semaines. En effet, le président a exhorté l'Europe à ne pas «être suiviste» des Etats-Unis ou de la Chine, plaidant pour que «l'autonomie stratégique» soit «le combat de l'Europe». 

«Nous deviendrons des vassaux alors que nous pouvons être le troisième pôle si nous avons quelques années pour le bâtir», a-t-il fait valoir. Prononcés la veille des exercices militaires chinois menés autour de l'île autonome de Taïwan, que Pékin revendique comme une province, les propos du président français ont surpris, voire agacé, notamment aux Etats-Unis, mais aussi en Allemagne, ou encore du côté de la Pologne.

Un président de plus en plus isolé

Déjà isolé sur la scène nationale avec l’ensemble des syndicats et des oppositions face à lui, ainsi qu'un important rejet de son projet de réforme des retraites, Emmanuel Macron voit désormais son isolement grandir aussi sur la scène internationale, où il multiplie les faux pas. De plus, Emmanuel Macron ne trouve même plus de véritable soutien dans son propre camp, où la Première ministre, Elisabeth Borne, n’a pas hésité à afficher les prémices d’un désaccord, en souhaitant «respecter une période de convalescence» pour les syndicats.

Si cette 12e, et peut-être ultime, journée de mobilisation s’avère donc décisive pour le projet de réforme des retraites, elle pourrait aussi marquer l’avènement d’une nouvelle ère pour le président de la République, qui devra engager toute sa volonté pour surmonter cet épisode tumultueux et maintenir «le cap» de son quinquennat, avec notamment plusieurs dossiers chauds qui l’attendent pour les mois à venir.

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