Quelques jours après l'annonce du gouvernement de la mise en place d'un dispositif provisoire au jardin d'Eole pour accompagner les toxicomanes du nord-est parisien, un collectif de plusieurs représentants d'associations a fait part ce mercredi 26 mai de son désarroi face à ce qu'il qualifie de «stratégie de l'usure et du pourrissement».
Dans une tribune publiée par Le Monde ce mercredi, la quinzaine de signataires – parmi lesquels la directrice de Gaïa, le président de Médecins du monde, le président d'Aides ou encore le président de SOS Addictions – ont en effet réclamé que «cette stratégie de l'usure et du pourrissement» appliquée par les pouvoirs public «cesse».
Ensemble, ils considèrent en effet que le dispositif provisoire – consistant à parquer les toxicomanes au jardin d'Eole afin d'éviter qu'ils ne soient trop visibles sur l'espace public notamment sur la place Stalingrad où ils avaient leurs habitudes – «est extrêmement dommageable pour la santé, les droits de ces personnes et le vivre-ensemble avec les riverains».
Selon eux, ce nouveau dispositif est la preuve de la méconnaissance des pouvoirs publics sur le sujet. «Aujourd'hui, les réponses médico-sociale, sanitaire et psychiatrique n'existent qu'à la marge de la répression», déplorent-ils, ajoutant que ces réponses devraient «être fondées les expériences passées ou étrangères, non sur des perpétuelles idéologies répressives».
Une «énième évacuation» dans quelques mois
Ils craignent ainsi que l'étape suivante ne soit purement et simplement «l'évacuation» de ces consommateurs de drogue vers un autre lieu, à l'instar de ce qui s'est passé ces dernières années : porte de la Chapelle, «Colline du crack», place Stalingrad puis jardin d'Eole. «Une énième évacuation aura lieu dans quelques mois [...] Seul le lieu reste inconnu», annoncent-ils.
Pire, le choix d'ouvrir le jardin d'Eole aux toxicomanes n'a fait que déplacer le problème d'un quartier à un autre. «Nous assistons à un nouveau déplacement des personnes par les force de police, dans la même indignité [...] reproduisant les mêmes scènes de consommation, de violence, de détresse physique et psychique, intolérables pour tous», écrivent-ils.
Pour de nouvelles salles de consommation
Seule solution selon eux : créer de nouvelles salles de consommation, de repos et d'accueil pour ces toxicomanes. Des dispositifs dont l'efficacité a été prouvée, selon le collectif, tant «sur l'amélioration de la physionomie de l'espace public» que sur «la santé des usagers et leur insertion sociale».
Pour eux, les dispositifs existants sont tout bonnment insuffisants. A Paris, il n'existe à ce jour que deux salles de repos et une salle de consommation à moindres risques (SCMR). A titre d'exemple, le collectif explique que Zurich (Suisse) a ouvert quatre SCMR pour 2 millions d'habitants, là où l'agglomération parisienne n'en compte donc qu'une pour 12 millions d'habitants.
Et les avantages de telles salles sont nombreux selon le collectif : «pacifier l'espace public», «encadrer l'usage de drogues», «réduire la violence des scènes ouvertes» ou encore «améliorer la situation des usagers de drogue».