Faisant le constat d'une situation qui s'aggrave de Stalingrad au jardin d'Eole, Mounir Mahjoubi, député LREM du 19e arrondissement de Paris, a proposé de «décréter un état d'urgence local». Et ce, afin de bénéficier «d'un renfort exceptionnel» de la part des autorités compétentes.
«Dans les rues, les parkings, les halls d’immeuble : agressions, harcèlement, exhibition, prostitution et aujourd’hui viol. Il faut décréter un état d’urgence local et recevoir un renfort national exceptionnel», a ainsi fait savoir Mounir Mahjoubi sur Twitter.
«sécuriser» et «assurer une présence»
Pour le député de la majorité présidentielle, le dispositif provisoire mis en place par l'Etat et la mairie de Paris, pour accueillir les toxicomanes au jardin d'Eole (18e), ne suffit pas en lui-même s'il n'est pas accompagné d'une prise en charge spécifique et entouré d'un dispositif policier adéquat.
Depuis lundi, la Préfecture et la Mairie de Paris ont souhaité mettre en place une nouvelle doctrine d’intervention pour lutter contre le crack à Stalingrad en déplaçant systématiquement les toxicomanes vers le jardin d’Eole.
— Mounir Mahjoubi (@mounir) May 23, 2021
«Pour que cette opération puisse fonctionner, il fallait impérativement sécuriser 24/24 et 7/7 ce jardin et les rues d’Aubervilliers et de Riquet et assurer une présence médico-sociale permanente dans le jardin», a-t-il ainsi préconisé, ajoutant que «ce n'était pas le cas» aujourd'hui.
«Ni présence associative, ni présence de la sécurité de la ville de Paris, ni présence de la police nationale», a-t-il constaté sur le terrain trois soirs d'affilée. Un repli des autorités sur le terrain qui conduit, selon lui, à des actes de harcèlement de rue, de dégradation de véhicules, de dégradation d’entrée d’immeuble et de parking.
«On ne peut pas continuer avec les moyens traditionnels On ne peut pas continuer à n'avoir [...] pas un seul policier ds certtaines rues. Notamment dans les rues qui donnent sur le jardin d'Eole», a-t-il ajouté ce lundi 24 mai, assurant avoir «renouvelé [ses] inquiétudes au ministre de l'Intérieur», qui lui avait présenté ce nouveau dispositif comme une solution.
Vers une injonction de soin obligatoire ?
«Sauf qu'il ne marche pas», répond le député du 19e, qui souhaite que Gérald Darmanin «propose une alternative». «Nous sommes des humanistes, [soigner les toxicomanes] est la seule voie que nous pouvons espérer pour une personne malade», explique Mounir Mahjoubi, qui souligne néanmoins la difficulté de cette solution.
Pour lui, les toxicomanes – consommateurs de crack mais aussi d'autres substances –seraient «entre 400 et 600 personnes au total», dont «entre 150 et 200 personnes dans les rues» au quotidien. Et de concéder : «aujourd'hui, on n'a pas 600 places d'internement forcé en France, qui seraient disponibles pour eux».
Et même si l'élu entend «continuer» à trouver des solutions, il admet qu'on «ne sait pas ce que c'est que de soigner un cracké de force», car «on ne l'a jamais fait». «Il n'y a même pas 1 % d'entre eux qui arrivent à entrer dans un protocole de soin, où [le malade] est accompagné, relogé et suivi», poursuit Mounir Mahjoubi. «Mais ce qui est certain», selon lui, c'est qu'en continuant à parquer les toxicomanes au même endroit «on multiplie le nombre de crackés et de nouveaux toxicomanes».