Valéry Giscard d'Estaing l'Européen. Toute sa vie durant, l'ancien président de la République, décédé ce mercredi 2 décembre 2020, a été un infatigable défenseur de la construction européenne. A l'Elysée, il a en partie façonné l'Europe telle qu'on la connaît aujourd'hui.
Un engagement qu'il tenait peut-être de son père, Edmond, membre de la Ligue européenne de coopération économique (LECE), une organisation créée en 1946 afin de promouvoir l'intégration économique en Europe. Alors tout jeune député, Valéry Giscard d'Estaing consacre en 1957 son premier grand discours à l'Assemblée nationale à la défense du traité de Rome, un texte fondateur qui donna naissance à la Communauté économique européenne (CEE).
Après avoir créé son propre parti en 1966, la Fédération nationale des républicains indépendants (FNRI), «VGE» lui fait intégrer trois ans plus tard le Comité d'action pour les Etats-Unis d'Europe, un groupe de pression pro-européen créé en 1955 par Jean Monnet, considéré comme l'un des «pères de l'Europe». C'est là que cet énarque et ancien Inspecteur des finances, alors ministre de l'Economie, fait la rencontre d'Helmut Schmidt, son homologue allemand.
Elus respectivement président de la République et chancelier en 1974, à onze jours d'intervalle, les deux hommes travaillent de concert, durant leur mandat, à l'approfondissement de l'intégration européenne. Leur entente est telle que c'est à cette époque qu'est créée l'expression «couple franco-allemand».
Des réformes européennes majeures
Avec Helmut Schmidt, Valéry Giscard d'Estaing est à l'origine de trois réformes européennes majeures, qui ont à jamais marqué la construction européenne. Quelques mois après son arrivée à l'Elysée, il participe à la création en décembre 1974 du Conseil européen, réunion régulière des chefs d'Etat ou de gouvernement européens. En 1978, c'est lui, avec Helmut Schmidt, qui propose la création du Système monétaire européen (SME), préfiguration de l'Union monétaire et de l'euro. Le dispositif voit le jour en 1979. La même année, le Parlement européen est élu pour la première fois au suffrage universel direct. Une disposition que les deux prédécesseurs de VGE à l'Elysée avaient refusée.
Après sa défaite à la présidentielle de 1981 contre François Mitterrand, il poursuit son engagement en faveur de l'Europe, notamment au Parlement européen, où il siège de 1989 à 1993. En 2001, lors du Conseil européen de Laeken, il est nommé à la tête de la Convention sur l'avenir de l'Europe. Deux ans plus tard, le natif de Coblence, en Allemagne, présente un projet de Constitution européenne. Ce dernier fait par la suite l'objet d'un référendum dans tous les pays européens. VGE participe activement à la campagne en faveur du «oui» en France. Mais c'est finalement le «non» qui l'emporte en mai 2005, tout comme au Pays-Bas quelques jours plus tard, provoquant l'abandon du traité constitutionnel au profit d'un traité classique, le traité de Lisbonne, signé en 2007.