Créer un dispositif d’accueil des réfugiés coordonné à l'échelle nationale. C’est ce que réclame plusieurs municipalités de France, réunies ce mercredi 24 avril autour d'Anne Hidalgo, la maire de Paris.
Ensemble, ces élus de plusieurs grandes villes françaises (Saint-Denis, Metz, Grenoble, Strasbourg, Nantes...) ont donc proposé à l’Etat de mettre en place une politique conjointe, initiée par le gouvernement et mise en pratique sur le terrain par leurs équipes. «Nous, les villes, nous proposons d'être partenaires de l'Etat pour ne pas laisser la situation dégénérer», ont-ils confié aux journalistes présents.
Pour cela, ils ont écrit aux ministres d'Etat, de l'Intérieur et du Logement, afin qu'ils débloquent plus de places d'hébergement et qu'ils s'engagent à rendre l'accueil des migrants «inconditionnel». C'est-à-dire sans distinction entre les migrants qui ont déjà fait leur demande d'asile en France, et ceux qui ne l'ont pas encore faite, entre les Dublinés, qui ont déjà fait une demande d'asile dans un autre pays européen, et les réfugiés qui ont déjà obtenu leurs papiers, mais qui ne sont pas pour autant pris en charge.
Représentés par la maire de Paris, ils ont assuré être «au bout du rouleau», «au bout de ce qu’[ils] pouvaient supporter». «Nous nous heurtons à un dispositif qui ne fonctionne pas, il faut donc le dire et trouver d'autres solutions», a ainsi fait savoir Anne Hidalgo, qui a rappelé – encore une fois – qu'il était «de la responsabilité de l'Etat d'accueillir les migrants».
Un demandeur d'asile sur deux n'est pas hébergé
Car aujourd’hui selon eux, l’Etat ne prend pas la mesure du problème. Marie-Aimée Peyron, la batonnière de Paris, a d'ailleurs dénoncé l'«indécence» des conditions de traitement des réfugiés en France, mais également des sans-abri. «Comment pouvons-nous accepter que des réfugiés et des SDF vivent dans des conditions pareilles ?», a-t-elle questionné, suppliant de «mettre fin aux conditions d'hébergemement indignes».
A ses côtés, Florent Gueguen, le directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (FNARS), a salué la «belle initiative de rassemblement des maires» et a rappelé qu'«un demandeur d'asile sur deux n'était pas hébergé» sur le territoire français, alors qu'il existe 86.000 places d'hébergement pour près de 122.000 demandeurs d'asile. Un «décalage» qui, selon lui, «ne cesse d'alimenter le nombre de personnes à la rue.
40.000 places d'hébergement avant la fin du quinquennat
Réunis auprès des élus, d'autres représentants associatifs – venus de France Terre d'Asile, d'Emmaüs, du Samu social... – étaient également présents. Eux aussi ont demandé la création dun «plan national d’accueil» de ces réfugiés, réclamant la création de «40.000 places d'hébergement pérennes, d’ici à la fin du quinquennat» ainsi que la garantie du respect des droits fondamentaux, tels que l'accès au droit juridique.
«Nous ne sommes pas fatigués, mais nous commençons à avoir la voix cassée», a alors souligné François Dagnaud, le maire du 19e arrondissement de Paris, qui dénombre les multiples mises à l’abri qu’a connu la capitale depuis plusieurs années. Pour lui, il faut que les «grandes métropoles régionales» françaises aient les «capacités juridiques» afin d'héberger les migrants et de traiter leurs dossiers. L'élu assure en effet que c'est la «non organisation» d'un système national qui «crée ce désordre humain, social et juridique».
Enfin, Anne Hidalgo a également annoncé que la municipalité parisienne était en train de «travailler à la création d’un fond de dotation» pour que les entreprises privées puissent également s'engager pour la cause des réfugiés, en tant que mécène. A l'image des dons recueillis pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris.
Alors que de nombreux maires l’interpellent et lui proposent leur aide, il est urgent que le gouvernement assume ses responsabilités dans l’accueil des réfugiés. Cela ne concerne pas que Paris mais toutes les villes de France ! https://t.co/ott4tgGbLT
— Rémi Féraud (@RemiFeraud) 24 avril 2019
Maires de plusieurs villes françaises, de tous bords politiques, nous venons d’adresser un courrier au gouvernement, pour l’appeler à mettre en place un accueil digne des réfugiés. Nous sommes prêts à l’aider dans cette action. pic.twitter.com/H9cxdz9ExT
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 24 avril 2019
Avec @Anne_Hidalgo et 12 maires de tous horizons politiques pour dire que le déficit d’organisation de l’accueil des réfugiés et migrants crée du désordre humanitaire et sanitaire. Il faut tout remettre à plat. Les solutions existent. Mais pas sans vous @Ccastaner @J_Denormandie pic.twitter.com/SDtanKCM5S
— FrançoisDagnaud (@FrancoisDagnaud) 24 avril 2019