Bloqué par les élèves depuis lundi, le lycée Joliot-Curie, à Nanterre (Hauts-de-Seine), est depuis le théâtre de tensions, voire d'affrontements entre lycéens et forces de l'ordre. Deux jeunes ont fait l'objet d'une interpellation ce jeudi 13 octobre.
Un simple blocus qui dégénère. Deux jeunes ont été interpellés ce jeudi 13 octobre, à la suite de nouveaux affrontements entre lycéens et forces de l’ordre, près du lycée Joliot-Curie à Nanterre (Hauts-de-Seine), théâtre de tensions depuis lundi.
Quatorze jeunes, en majorité mineurs, avaient déjà été placés en garde à vue mardi pour «attroupement armé et violences volontaires aggravées» en marge d'une tentative de blocage du lycée, où des élèves protestaient contre la mutation d'un enseignant syndicaliste et pour le maintien de l’aide aux devoirs.
L’établissement a depuis été fermé et devrait rouvrir vendredi, malgré les récents affrontements aux abords du lycée, selon l’académie de Versailles.
Un blocus qui tourne mal
Tout a commencé lundi 10 octobre, lorsque des lycéens ont décidé de faire un blocus de quelques heures devant le lycée Joliot-Curie, pour protester contre la fin du dispositif d'aide aux devoirs, mais aussi en soutien à l'enseignant muté et contre le règlement intérieur et le cadre d'application du principe de laïcité, selon le rectorat et une enseignante interrogée par l'AFP.
Une cinquantaine d’individus - incluant les 14 interpellés -, dissimulant leurs visages, ont fait l’usage de projectiles, de fumigènes et de mortiers contre les policiers, blessant l’un d’entre eux. Ces derniers ont alors répliqué à coups de «gaz lacrymogènes et matraques».
Ces individus bloquant l’accès au 1.600 lycéens, et prenant à parti les passants, les forces de l’ordre sont intervenues «dans les plus brefs délais» pour faire cesser les troubles à l’ordre public et sécuriser le lycée, selon un communiqué du préfet des Hauts-de-Seine.
Les personnels du lycée se disent pour leur part «choqués par la disproportion entre les moyens policiers déployés et la réalité d’un blocus pacifique d’adolescent-es», dans un communiqué. Tandis que le syndicat lycéen La Voix lycéenne a estimé que «quand la communauté éducative se mobilise (...), la réponse est la violence».
«La criminalisation et la répression d’un mouvement social»
Kei Terada, le professeur syndicaliste muté, a fait l’objet avec trois autres enseignants d'une «mesure de mutation dans l'intérêt du service (...) [visant] à créer des conditions renouvelées pour reconstruire un climat apaisé» au sein de cet établissement souffrant de «dysfonctionnements multiples et anciens», a déclaré l'académie de Versailles par communiqué.
Ce même arrêté évoque une activité «en dehors des instances de dialogue social de l'établissement ou de l'exercice normal d'une activité syndicale», selon plusieurs syndicats enseignants qui accusent l'académie de «discrimination syndicale» et demandent la «levée des sanctions».
«C'est le même processus que pour les lycéens mis à genoux à Mantes-la-Jolie, c'est la criminalisation et la répression d'un mouvement social», a réagi Maître Arié Alimi, qui défend plusieurs jeunes, dénonçant «une stratégie politico-judiciaire qui fait suite à une mise au pas d'un membre de l’Éducation nationale».
Si neuf individus ont été relâchés mercredi en fin de matinée, sans charge retenue contre eux dans l'immédiat, trois seront convoqués en décembre devant le tribunal pour enfants en audience de culpabilité, pour violences aggravées sur personne dépositaire de l'autorité publique et avec arme.