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Journée mondiale sans tabac : 5 conséquences du tabagisme sur l'environnement

Le mégot de cigarette est notamment le déchet plastique le plus retrouvé sur les plages européennes. [Unsplash/Pawel Czerwinski]

La planète est malade du tabac. Son impact environnemental, moins connu que ses méfaits sur la santé, est pourtant considérable. Ce mercredi 31 mai marque la 26e édition de la Journée mondiale sans tabac, rappelle l'Organisation mondiale de la Santé.

«On estime que tous les ans, 6.000 milliards de cigarettes sont produites», explique Amélie Eschenbrenner, du Comité national contre le tabagisme.

Un nombre qui donne le tournis et laisse apercevoir la quantité de ressources nécessaires pour soutenir une telle production.

Selon la chargée de communication, l'industrie du tabac «porte atteinte à tous les objectifs de développement durable».

La déforestation

La culture du tabac occupe une place considérable sur la planète et, bien souvent, cela implique de couper des arbres. Les données de l'OMS indiquent que cette industrie est responsable, à elle seule, de 5 % de la déforestation mondiale.

Ainsi, depuis les années 1970, il est estimé qu'«1,5 milliard d'hectares de forêts ont été perdues dans le monde», d'après Amélie Eschenbrenner. Une perte responsable jusqu'à 20 % de l'augmentation annuelle des gaz à effet de serre.

Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), plus de 3 millions de terres arables étaient dédiées à la culture du tabac en 2020, principalement dans des pays à revenu faible et intermédiaire.

Une situation qui «creuse les inégalités de développement», d'après Amélie Eschenbrenner. D'abord parce que «ce qui est utilisé pour le tabac ne l'est pas pour des ressources vivrières», mais aussi parce que cette culture «favorise la dégradation des sols» et occasionne une «baisse de rendement».

Une culture gourmande en eau et en nutriments

Selon l'OMS, le tabac absorbe davantage de phosphore, d'azote et de potasse que la plupart des autres plantes cultivées. Environ «3,5 millions d'hectare de terre sont détruits chaque année» pour faire pousser du tabac, précise la chargée de communication du Comité national contre le tabagisme. En matière de superficie, «cela équivaut à la région des Hauts-de-France», précise-t-elle.

Sans compter que cette culture est particulièrement gourmande en eau. Les 6.000 milliards de cigarettes produites chaque année nécessitent ainsi plus de 22 milliards de tonnes d'or bleu.

Cela représente 4 litres par cigarettes ou encore un épuisement de 1,4 million de litres d'eau pour une consommation «d'un paquet de 20 cigarettes par jour pendant cinquante ans». Ce, alors même que le tabac est cultivé dans des pays où l'accès à l'eau potable pour tous n'est pas toujours garanti.

Un recours massif aux pesticides

L'industrie du tabac préfère consacrer des millions d'hectares à cette monoculture plutôt que d'opter pour la rotation, nécessaire à la préservation des sols. Dans ces conditions, le recours aux produits chimiques est inévitable pour maintenir le rendement.

Avec 185.000 tonnes de pesticides déversées tous les ans, le tabac est, selon Génération sans tabac, la sixième industrie agricole la plus consommatrice en pesticides par surface cultivée.

Puisqu'elle s'est principalement installée dans des pays où les normes environnementales et le droit du travail sont faibles, les champs sont inondés de pesticides dont certains sont interdits dans la plupart des pays occidentaux. Cela concerne aussi bien des insecticides que des herbicides, fongicides, fumigeants, ou encore des régulateurs de croissance.

Ces produits empoisonnent «les sols, la faune, la flore», déplore Amélie Eschenbrenner, mais aussi les nappes phréatiques et les cultivateurs eux-mêmes, bien souvent laissés sans protection.

Une production énergivore

La transformation des plants de tabac coûte également à la planète. Pour confectionner les cigarettes, les feuilles doivent d'abord être séchées, souvent à l'aide de gigantesques fourneaux à charbon ou à bois.

La mise sous paquet nécessite «beaucoup de plastique, pas forcément recyclable», ajoute le Comité national contre le tabagisme. Sans compter que cette production est ensuite envoyée partout dans le monde.

L'empreinte carbone d'une seule cigarette est ainsi de 14g d'équivalent CO2, soit «un trajet Bastille-Concorde en métro», compare Amélie Eschenbrenner. Plus globalement, l'industrie du tabac est responsable d'une contribution annuelle de gaz à effet de serre de 84 mégatonnes d'équivalent dioxyde de carbone. C'est «autant qu'un pays comme le Pérou ou que 3 millions de vols Paris-New York», précise la chargée de communication.

Des tonnes de mégots dans la nature

Le tabac porte atteinte à l'environnement, «de la culture jusqu'à la consommation», rappelle Amélie Eschenbrenner. Lorsqu'elle se consume, une cigarette dégage ainsi de nombreuses substances cancérigènes dans l'atmosphère, parmi lesquelles le formaldéhyde, le méthane ou autres métaux toxiques.

A cela, s'ajoute le fait que 4.500 milliards de mégots finissent chaque année dans la nature à travers le monde, selon le Comité national contre le tabagisme. Soit l'équivalent «du poids de 100 millions de Tour Eiffel», s'indigne Amélie Eschenbrenner.

En France, entre 20.000 et 25.000 tonnes de ce détritus, le plus fréquent sur les plages européennes, se retrouvent chaque année dans l'environnement. Selon le Global center for good governance in tobacco control (GGTC), la gestion des déchets de la seule industrie du tabac induit un coût de 8.000 milliards d'euros en France.

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