Alain Delon, dont on a appris la mort ce dimanche 18 août à l'âge de 88 ans, avait noué une solide amitié avec Jean-Paul Belmondo au fil des années. Deux acteurs considérés comme les deux derniers monstres sacrés du cinéma français, dont la rivalité a longtemps alimenté les fantasmes.
Un duo plus qu’un duel. Alain Delon et Jean-Paul Belmondo ont désormais tous deux tiré leur révérence, laissant des millions de fans inconsolables. Ces deux monstres sacrés du cinéma avaient vu leur carrière s’entremêler dès leur début devant la caméra, puisqu’ils avaient partagé l’écran dans «Paris-brûle-t-il ?», «Sois belle et tais-toi», ou encore «Amours célèbres». En 1970, le réalisateur Jacques Deray voit le duo se former à nouveau pour «Borsalino», un film qui sera à la base d’une dispute entre les deux comédiens. Et qui verra naître l’idée d’une rivalité entre les deux hommes.
L’origine de la dispute
Pourquoi se sont-ils fâchés ? À cause d’une affiche, celle de Borsalino donc, qui fait apparaître le nom d’Alain Delon à deux reprises, une fois, en gros en haut, à côté de celui de Belmondo. Et une deuxième fois, en petit, dans le coin gauche de l’affiche, en tant que producteur. Une subtilité qui ne respecte pas les termes sur lesquels ils s’étaient entendus.
«J’ai eu Alain Delon comme partenaire, nous nous sommes très bien entendus. C’est un charmant camarade. Mais je ne m’entends pas du tout avec la maison de production qui m’a engagé. Il était stipulé dans mon contrat qu’aucun nom ne devait être au-dessus du mien et au-dessus de celui de Delon comme acteur. Si on le faisait, on devait au moins me le demander», précisera Jean-Paul Belmondo dans sa biographie «Belmondo entre deux vies» (ed. Robert Laffont).
Le Magnifique n’assistera pas à l’avant-première, et décidera de régler l’affaire devant les tribunaux, qui lui donneront raison plus de deux ans après sa plainte. Les deux hommes évoqueront cette histoire par presse interposée à quelques reprises après cela, se renvoyant chacun la responsabilité de cette brouille.
La réconciliation
Alors que la presse et le public se régalent de cette rivalité entre les deux acteurs de classe internationale, il s’avèrera qu’en coulisses, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo seront prompts à passer à autre chose, et à développer une solide amitié loin du regard des caméras.
«Cette brouille était bien réelle. Ce n’était pas publicitaire et encore moins une brouille capricieuse. Elle était basée sur des erreurs commises de ma part ou d’incompréhension de la part de Jean-Paul. On a discuté un jour pour se rendre compte qu’on n’allait pas rester brouillés toute notre vie pour des bêtises pareilles», expliquera plus tard Alain Delon à Ciné Revue.
Quand les deux hommes se retrouvent à l’affiche du film «Une chance sur deux» avec Vanessa Paradis en 1998, Patrice Leconte, le réalisateur, s’amusera de cette opposition entre les deux hommes. «Bien entendu, et tout au long de ces très riches carrières, on les a comparés, mesurés, opposés (…) comme les spectateurs d’un combat de boxe comptent les coups (…) Mais, entre ces deux-là, le KO est impossible et le combat trop égal pour qu’il y ait un vainqueur et un vaincu», lancera-t-il.
L’émotion d’Alain Delon
En septembre 2021, alors que Jean-Paul Belmondo vient de décéder, Alain Delon sera un des premiers à rendre hommage à son compagnon de route, à cet ami qui l’a accompagné, même à distance, pendant 60 ans de sa vie.
«Imaginez-vous ce que ça fait de perdre quelqu'un après 60 ans, quand c'est un ami. J'ai des souvenirs de ma carrière avec lui, et maintenant, j'attends moi-même de mourir pour ne pas m'emmerder tout seul», confiait-il sur les ondes d'RTL le lendemain de la mort de Jean-Paul Belmondo, se disant «anéanti» et «complètement dévasté» par le décès de son ami. Qui ne fut jamais véritablement un rival.