Grandir en temps de pandémie, c'est aussi passer beaucoup de temps devant l'ordinateur, le téléphone ou la télévision. Selon une étude Ipsos pour l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique et l'Union nationale des familles (Unaf), plus de la moitié des enfants (53%) passent davantage de temps devant les écrans depuis le début de la crise sanitaire.
Publiés ce lundi 7 février, les chiffres montrent que la pandémie, marquée par les confinements, l'école à la maison et la suspension de nombreuses activités, a modifié les habitudes des plus jeunes. Les adolescents semblent particulièrement concernés, à 63% chez les 11-14 ans et 64% chez les 15-17 ans.
Cette augmentation concerne la quasi totalité des écrans puisque l'utilisation de l'ordinateur à grimpé de 6% depuis 2019, 8% pour la télévision et respectivement 11 et 23% pour le smartphone et la tablette numérique. En parallèle, la consommation de console de jeu a diminué de 6% sur la même période.
Réalisé auprès d'enfants et de parents, le sondage montre que tous sont conscients de passer plus de temps qu'avant devant les écrans. 77% des adultes estiment qu'ils devraient réduire, contre 62% des enfants. Les premiers semblent en revanche sous-estimer la consommation numérique de leur progéniture. L'étude montre un écart de 23% entre l'utilisation réelle de l'enfant et la perception de ses parents, sur une semaine moyenne.
Le phénomène prend une dimension «inquiétante» concernant les 7-10 ans, puisqu'ils passent presque trois fois plus de temps sur leurs outils numériques que ce qu'imaginent les adultes. Par exemple, à en croire les parents, seuls 9% des 7-10 ans consultent les réseaux sociaux alors que 28% de ces enfants déclarent le faire.
Les tout-petits sur internet
Dans le même temps, l'étude pointe une exposition aux écrans de plus en plus précoce. En moyenne, le premier appareil numérique est acquis à l'âge de 10 ans et demi. Plus troublant : d'après les témoignages de parents, 43% des tout-petits, âgés de 0 à 2 ans, utilisent internet.
Les adultes se disent néanmoins conscients des risques encourus par les plus jeunes en ligne (56%). Un sur deux est préoccupé par le cyberharcèlement, mais les parents semblent en revanche moins sensibilisés à l'exposition à des contenus choquants. 40% des enfants interrogés disent pourtant y avoir été confrontés.
Des règles sont souvent mises en place au sein des foyers pour contrôler la consommation d'écrans. Ils peuvent être soumis à un contrôle parental ou interdits à table, dans la chambre, et avant le coucher. Mais, dans les faits, 42% des parents avouent avoir du mal à limiter le temps d'usage de leurs enfants. Ils sont en outre peu nombreux, un sur quatre, à être prêts à adapter leur «propre comportement numérique pour montrer l'exemple».
Interrogé par franceinfo, Olivier Gérard, l'un des coordinateurs de l'Unaf, explique que «les écrans ont trouvé une place au sein de la famille» et qu'il est «difficile de revenir en arrière». Il reconnaît des «usages positifs» des outils numériques mais s'inquiète de voir que «les parents ne connaissent pas bien» l'usage qu'en font leurs enfants. Olivier Gérard conseille donc aux adultes de s'y intéresser, pour à la fois «fixer des règles et des limites» et «discuter» des enjeux et des risques avec les plus jeunes.