Alors que les GAFAM ne se sont jamais aussi bien portés en raison de la crise sanitaire qui a boosté de nombreux services, on pourrait croire que tout va pour le mieux au pays de l'oncle Sam et de la Silicon Valley pour le secteur numérique. Pourtant le nouveau président des Etats-Unis, Joe Biden, devra faire face à plusieurs défis de taille.
La montée en puissance de la concurrence chinoise
Alors que Donald Trump s'était lancé dans une guerre commerciale avec son homologue chinois Xi Jinping durant son mandat, le bras de fer a largement été médiatisé par les affaires Huawei et TikTok. Un conflit qui témoigne surtout de la montée en puissance de l'Empire du milieu dans le numérique et les technologies, aujourd'hui capable de rivaliser avec les ténors américains.
Car si Pékin parle de «nouvelle guerre froide» et avait même «félicité» à demi-mot le nouveau chef de l'Etat une semaine après les résultats, les tensions ne devraient pas forcément être à leur zénith sous le mandat de Joe Biden. Ce dernier devrait adopter une ligne diplomatique moins agressive et plus respectueuse de la Chine, mais devrait rester inflexible et surtout veiller à renforcer ses relations avec ses anciens alliés, auxquels Donald Trump avait parfois tourné le dos. L'idée étant de peser de manière multilatérale sur les relations avec la Chine. Joe Biden devrait toutefois rester inflexible sur de nombreux points avec Pékin : «Les Etats-Unis doivent être durs avec la Chine» notamment pour éviter le pillage technologique, avait-il assuré.
Vers un démantèlement des GAFAM ?
Il s'agit sûrement d'un dossier très complexe à traiter pour le nouvel exécutif américain. La position de quasi-monopole de certains GAFAM, comme Google, Facebook et Amazon est dans le viseur de commissions d'enquêtes depuis 2020, certains élus démocrates avançant que les intéressés contreviendraient aux lois antitrust mises en place dans le pays. Reste qu'un démantèlement d'une structure comme Facebook par exemple s'annonce bien plus complexe qu'il n'y paraît. Google a par exemple mutualisé l'ensemble de ses services, qui restent gratuits, si bien qu'il semble très compliqué de les voir fonctionner les uns sans les autres. «Facebook fait la même chose, c'est le cas avec les dernières conditions d'utilisation liées à WhatsApp, qui permet également de renforcer sa position pour rendre encore plus difficile un éventuel démantèlement», commente Thomas Fauré, fondateur et patron de Whaller, réseau social français qui plaide pour l'absence d'exploitation des données.
Toutefois, l'administration Biden semble plutôt clémente à l'égard des GAFAM. On sait Kamala Harris, la nouvelle vice-présidente, proche des dirigeants de ces groupes, dans sa Californie natale, où elle a été élue sénatrice en 2016. Plusieurs élus lui ont même reproché ses amitiés dans ce milieu. Elle et Joe Biden devront donc rapidement se positionner sur les GAFAM, mais c'est davantage sur l'exploitation des données des américains, que le tandem devrait s'exprimer, le démantèlement n'étant qu'une menace brandie par l'aile gauche du parti démocrate. Une voie qui reste à l'étude pour Joe Biden qui pourrait toutefois préférer légiférer pour changer le régime de responsabilité des réseaux sociaux notamment.
La protection des données mieux encadrée ?
«Le scandale Cambridge Analytica en 2018 mais aussi l'adoption du RGPD en Europe a tout de même fait réagir les Etats-Unis sur question de l'exploitation des données personnelles des Américains. Et récemment, la forte migration vers la messagerie Signal (grâce au tweet d'Elon Musk) après la dernière polémique autour de WhatsApp est un signe que les géants comme Facebook vacillent. Les mentalités ont évolué et plusieurs textes inspirés du RGPD européens ont été adoptés dans le monde, comme le California Consumer Privacy Act (en Californie)», explique Thomas Fauré. Et d'autres Etats américains devraient suivre ce mouvement en 2021.
Une année qui pourrait être marquée par la décision de Biden d'étendre des règles plus contraignantes à l'ensemble du pays. D'autant que plusieurs procès retentissants sont attendus contre Amazon et Google dans les prochaines années, qui devraient contribuer à mettre régulièrement le rôle de ces géants du numérique sur le devant de la scène.