Dans son rapport final rendu public lundi, la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (Ciivise) tire la sonnette d'alarme sur la situation des parents protecteurs dont certains sont accablés par la justice lorsqu'ils portent plainte pour leur enfant victime d'abus.
Dans son rapport final révélé publiquement lundi 20 novembre à la Maison de la Radio, dans le XVIe arrondissement de Paris, la Ciivise a alerté sur le manque de soutien judiciaire apporté aux familles des victimes, qui affirment se retrouver accablées par la justice lorsqu'elles sortent du silence.
«J’ai déposé plainte, j’ai tout fait dans les règles, et je me retrouve punie», a témoigné Hinda Sebaihi, l’une d’entre elles. «Mes enfants sont aussi punis car ils sont placés dans un centre. Ils ont raté plusieurs jours d’école, et sont en pleine destruction morale, physique, psychologique et même sociale», a-t-elle poursuivi, déplorant un système judiciaire qui finit souvent par se retourner contre elles.
Trois années de travail. Plus de 30 000 témoignages de victimes. Plus de 80 contributions d’experts. Cinq publications et 82 préconisations. Toujours, la fidélité à la parole donnée.
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Aussi, seules 8% des personnes victimes d’incestes bénéficient d'un soutien social positif une fois qu’elles décident de sortir du silence, laissant 92% des mères protectrices livrées à elles-mêmes.
Mettre l'enfant en sécurité dès qu'il dénonce
Face à une telle situation, la Ciivise souhaite améliorer le traitement judiciaire des victimes d’inceste et de leur parent protecteur, et préconiser plusieurs mesures garantissant la mise en sécurité immédiate de l’enfant, dès lors qu’il déclare des violences sexuelles.
«Il faut aussi que la loi dise clairement qui doit être protégé. Si c’est l’enfant, il faut qu’une législation plus impérative fixe le cadre de la protection de l’enfance», a déclaré Édouard Durant, magistrat et co-président de la Ciivise.
Dans le rapport rendu vendredi 17 novembre au gouvernement la Ciivise a listé 22 préconisations pour lutter contre ce crime de masse, qui touche 160.000 enfants chaque année selon ses chiffres.