À l’occasion de la journée nationale de la non-violence éducative ce mardi 30 avril, Arnaud Gallais, militant pour les droits des enfants, nous explique comment les violences éducatives ordinaires répétées qu'il a subies ont fixé les bases solides du silence face au double inceste dont il a été victime.
Sans le vouloir, les parents sont parfois les premiers à ouvrir le bal des abus qui rythmera une partie de la vie de leur enfant. Pour cause, les violences éducatives ordinaires humilient, réduisent au silence, et font des enfants des proies idéales pour d'autres abus, notamment sexuels. Et l'enfance d'Arnaud Gallais pourrait être qualifiée de cas d'école, comme il en témoigne auprès de CNEWS en cette journée nationale de la non-violence éducative, ce mardi.
Ancien membre de la Ciivise et militant pour les droits des enfants, sa parole est notamment connue pour relater les incestes qu’il a subis, d’abord entre 8 et 11 ans de la part d’un grand-oncle prêtre missionnaire en Afrique, puis à 12 ans de celle de cousins âgés de 15 et 13 ans. Mais avant tout ça, il y a eu les coups de son père, les gifles et les paroles de sa mère.
À l'époque, impossible de trouver un quelconque soutien, ni même une parole se dressant contre ces méthodes prétendument éducatives, car Arnaud Gallais a grandi entre le début des années 1980 et 1990.
«Les violences étaient soit niées, soit justifiées par un comportement de l'enfant, qui n'aurait pas été adapté», explique-t-il.
Aucune condition réunie pour libérer la parole
À l'époque, les fessées, les gifles et les insultes n'ont «jamais tué personne» : «Dans l’ordre des choses, on nous demandait à nous, enfants, de nous taire», s’est-il souvenu. Ce qu’il a fait, très longtemps, même après les abus de son grand-oncle puis de ses cousins : «Les conditions n’étaient pas réunies pour une libération de la parole», a-t-il déploré.
Arnaud Gallais n’appelle pas à juger les parents, mais surtout à ce que le gouvernement mette toutes les clés en leur possession, et qu’ils instaurent une véritable promotion de l’éducation bienveillante.
«Lutter contre les violences éducatives ordinaires s’inscrit dans un schéma de prévention pour lutter contre d’autres violences qui sont beaucoup plus graves», prévient-il, rappelant qu’un enfant meurt tous les quatre jours sous les coups d’un de ses parents.
Une absence de ligne de conduite de l'État ?
Les chiffres ne suffisent plus, et «doivent être suivis d’actions concrètes», martèle Arnaud Gallais. «Ce n’est pas notre seul spot publicitaire qui changera entièrement les choses, mais elle permettra aux gens de se retrouver dans l’Histoire», espère-t-il, faisant allusion à la campagne lancée la semaine dernière par l’association StopVEO, dont il est le trésorier.
Le militant espère une prise de conscience à tous les niveaux. Surtout celui du gouvernement dont il déplore une inactivité, qu’il juge responsable de certaines dérives dans la lutte pour une éducation bienveillante.
«Ces dérives existent surtout en raison de l’absence du gouvernement en termes de ligne de conduite, pour l’application de la loi supprimant le droit de correction en 2019. Elles sont rendues possibles car en matière de lutte contre les VEO et les violences sexuelles, le gouvernement ne fait pas assez, et ça laisse libre court à des gens qui font un peu ce qu’ils veulent», a-t-il souligné.
Arnaud Gallais alerte sur ce qu'il appelle un «continuum des violences», demarré par des parents qui, souvent, ne se doutent pas du danger qui guette leurs enfants.