C'est un matin brûlant du début du mois de juin. Il est 9h30 et Le thermomètre affiche déjà 45 degrés à l'ombre. Nous suivons une mission d’acheminement de matériel par hélicoptère. Une heure trente de trajet entre Hombori et Gao.
C’est un vol tactique : l’appareil cherche à éviter à tout prix d’être repéré. Il file à 300 km/h, à quelques mètres du sol. Les manœuvres sont saccadées, de gauche à droite, entre les dunes du Sahara, le sable du désert défile sous les grandes portes latérales ouvertes. Parfois, on distingue un troupeau de brebis et son berger, des ombres furtives entre les dunes.
Nous sommes fermement attachés sur des sièges en toile, derrière le poste du tireur : un soldat est prêt à «shooter» en cas d'attaque ennemie. Il a le doigt sur la gâchette d'une grosse mitraillette de calibre 12-7, et scrute l'horizon. Le regard est vif, et les traits de son visage sont tendus.
Soudain, l’équipage aperçoit un mur de sable à l’horizon. C’est une énorme tempête qui arrive droit sur nous. Et surtout elle recouvre la base de Gao, où nous devons nous poser dans quelques minutes. Les militaires assis à côté de moi restent calmes. Le protocole d'urgence est simple : en cas de tempête de sable, les pilotes ont quelques secondes pour réagir, ils doivent se poser au milieu du désert, si possible dans un endroit protégé. Les turbines de 2300 chevaux de l'appareil ne supporteraient pas un tel apport de sable, elles étoufferaient en quelques secondes.
Le NH 90 atterrit dans une zone désertique, le vent souffle fort et le sable fouette l'appareil, pénètre dans la cabine, et dans les yeux. Le tireur ferme les portes, et désigne un soldat pour surveiller, dehors. Quelques minutes plus tard, le Caïman - l'autre nom du NH90 - redécolle. La tempête de sable s’est calmée. Il faut rejoindre la base de Gao avant d’être à court de carburant.
Ces petits «coups de chaud» sont très fréquents dans le désert Malien. Les pilotes sont habitués à faire face aux pires conditions météo. Pluie diluviennes, tempête soudaine, fortes chaleurs, la météo du Sahara peut changer en quelques minutes. Et les prévisions ne sont jamais précises dans les lieux les plus reculés du globe.
Pièce maîtresse du dispositif français
Le vent s'est calmé, mais la visibilité est faible, la poussière n'est pas retombée. Nous apercevons les installations de la base française de Gao. Deux points à l'horizon : les grands hangars démontables blancs : ce sont les installations du régiment d'hélicoptères de combat. L'appareil de 12 tonnes s'immobilise face à son emplacement couvert. Les militaires déchargent rapidement notre précieuse cargaison : des pneus de véhicules blindés à réparer et des sacs de petits matériels informatiques.
Les appareils gros porteurs NH90 sont une pièce maîtresse du dispositif français dans le Sahel. Ils permettent notamment de se déplacer très rapidement sur des zones de combats éloignées. Les forces spéciales l'utilisent beaucoup pour les opérations de nuit notamment contre des groupes armés terroristes isolés dans le désert.
Quand la plus grande partie des troupes de Barkhane va repartir du Mali, la composante aérienne sera allégée elle aussi. Et l’armée malienne ne pourra plus compter sur les hélicoptères français. Et le savoir-faire de nos pilotes, réputés parmi les meilleurs au monde.