Le gouvernement sur le pied-de-guerre. Accompagné de son secrétaire d'Etat Laurent Nunez mais aussi de la garde des Sceaux, Nicole Belloubet et du ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a présenté à Marseille (Bouches-du-Rhône), ce mardi 17 septembre, le plan «anti-stups» de l'Etat.
Depuis l’Évêché, l'hôtel de police de la cité phocéenne, le ministre de l’Intérieur a ainsi dégainé toute un plan de 55 mesures, censées combattre le trafic de stupéfiants, premier marché criminel de France, pesant au moins 3,5 milliards d'euros, d'après les autorités.
Un Office anti-stups inspiré de la lutte anti-terrosite
Parmi elles, la création d'une nouvelle instance chargée de la lutte contre le trafic de stupéfiants, l'Office anti-stupéfiants (Ofast), «sur le modèle de la DGSI pour la lutte anti-terroriste», a indiqué Christophe Castaner.
Une annonce de taille, puisque cette structure est amenée à remplacer, au 1er janvier prochain, l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Octris), créé il y a 66 ans : «En 66 ans, tout a changé [dans le trafic de drogue] sauf notre organisation», a, à cet égard, souligné le patron de la place Beauvau.
#PlanAntiStups : un chef de file unique et identifié sera créé : l'#OFAST, office anti-stupéfiants.
Il coordonnera l'action de @PoliceNationale, @Gendarmerie, @justice_gouv, @douane_france, @SGMer, @francediplo et @Defense_gouv et disposera de 16 antennes. pic.twitter.com/MC01KYXXMv— Christophe Castaner (@CCastaner) September 17, 2019
L'Ofast aura à sa tête une femme, Stéphanie Charbonnier, actuelle conseillère «justice» du directeur général de la police nationale (DGPN). Elle sera secondée par le procureur de Bayonne, Samuel Vuelta-Simon.
Par ailleurs, Christophe Castaner a également annoncé la généralisation d'un dispositif justement expérimenté à Marseille, les «Cellules du renseignement opérationnels contre les stupéfiant» (Cros), qui visent à partager les informations entre tous les acteurs.
«Le nombre de trafiquants écroués dans l'agglomération marseillaise» a augmenté de 15 % en 4 ans. Vingt-huit de ces cellules ont été créées, et 3 vont être mises en place, a expliqué le ministre.
Une plate-forme de signalement crééé
Enfin, le gouvernement compte «expérimenter une plate-forme d'appels» qui permettra de signaler les points de vente de drogue et une «grande campagne de sensibilisation» sera lancée prochainement pour «casser l'image festive de la drogue» alors que le coût social des stupéfiants est évalué à plus de 8 milliards d'euros par an.
Prenant la parole, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet a annoncé vouloir rendre «opérationnelle courant 2020», l'amende forfaitaire sanctionnant l'usage de stupéfiants.
Cette amende de 200 euros, votée par le parlement en novembre dernier, doit permettre de sanctionner l'usage illicite de stupéfiants.
Marseille, ville symbolique
Attendues depuis plusieurs mois, les annonces du ministre de l'Intérieur ont donc été officialisées à Marseille, alors que la ville pourrait bien se transformer en véritable poudrière justement du fait du trafic de drogue et de la violence qui en découle.
Ce week-end encore, la cité phocéenne a connu des affrontements entre bandes rivales, dans lesquels neuf personnes ont été blessées.
Des règlements de comptes liés au trafic de drogue qui ont d’ores-et-déjà fait neuf morts depuis le début de l’année.
Une situation plus qu’alarmante dénoncée par les élus, dont la sénatrice des Bouches-du-Rhône Samia Ghali. Selon eux, la police n’a plus les moyens d’intervenir.
Une guerre sans fin qui dure depuis des décennies qui a donc poussé l’exécutif à réagir.
Initialement annoncé pour l'été 2018 par le président Emmanuel Macron lors de la présentation de mesures en faveur des banlieues, ce plan avait toutefois pâti des tempêtes politiques et sociales qui ont secoué l'exécutif depuis plus d'un an, comme l'affaire Benalla, la démission de Gérard Collomb et, bien sûr, la crise des gilets jaunes.