Mark Cavendish, la référence du sprint dans le Tour de France, a baissé une nouvelle fois pavillon face au nouvel as, l'Allemand Marcel Kittel, vainqueur jeudi à Tours de la 12e étape.
"Comme je l'ai déjà dit, Kittel est le nouveau gros bras. Simplement meilleur que moi aujourd'hui", a reconnu le Britannique dans l'heure qui a suivi sa défaite.
Sur la ligne, une demi-roue a séparé l'Allemand du coureur de l'île de Man, pourtant emmené par son train habituel dans les derniers hectomètres (Trentin, Steegmans). Vent dans le dos, Kittel a imposé une puissance supérieure pour le remonter dans les 70 derniers mètres.
"Il était un peu plus rapide", a admis avec fair-play Cavendish, très rarement battu jusqu'à présent dans un sprint de ce type sur le Tour de France depuis qu'il a entamé sa série de (24) victoires en 2008.
Le meilleur sprinteur de l'histoire du Tour, un titre que lui a décerné (à raison) un jury de spécialistes, a connu des ratés dans la première partie de saison, après avoir rejoint l'équipe Omega Pharma. Puis, il s'est rétabli dans le Giro. Avec cinq victoires d'étape à la clé, dont plusieurs étourdissantes, mais devant des adversaires moins cotés jusqu'à présent que les deux autres "grands" du sprint 2013, Marcel Kittel et son compatriote Andre Greipel.
Depuis le départ de Corse, le "ManxExpress" a gagné une seule fois, le premier sprint massif à Marseille. Il s'est incliné ensuite à Montpellier (4e), Saint-Malo (3e) et enfin à Tours (2e), sans que la série soit obligatoirement significative tant les aléas sont nombreux dans un sprint. Mais le tableau d'ensemble plaide contre lui, surtout à Tours où il s'est retrouvé dans la bonne configuration pour gagner.
Manque de puissance ou manque de fraîcheur ? A l'inverse de ses rivaux, le champion du monde 2011 a derrière lui un Giro entièrement bouclé -c'est à son honneur- malgré des conditions météo difficiles. Par rapport à Kittel, Cavendish a produit aussi un effort supplémentaire, certes limité, en disputant le sprint intermédiaire à l'approche de la dernière heure de course.
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Seule certitude, "Cav", qui devrait l'an prochain recevoir le renfort de son compagnon des prolifiques années 2009 à 2011 (Renshaw), doit à 28 ans partager désormais le haut de l'affiche avec d'autres grands spécialistes. Avec ses trois succès d'étape, Kittel (25 ans) appartient à ce cercle que plusieurs jeunes Français pourraient intégrer à court terme.
Nacer Bouhanni a les qualités physiques pour y prétendre, Arnaud Démare (dans un registre différent) a déjà fait ses preuves et Bryan Coquard a battu... Kittel en personne, lors du dernier Tour de Picardie.
Pourquoi les chutes sont-elles si fréquentes dans le Tour ?
Les spectateurs ont vu arriver un peloton scindé en de multiples groupes, suite à une grosse chute survenue aux 2700 mètres. Si le maillot jaune du Britannique Chris Froome a franchi la ligne au sein du premier paquet (tout comme Valverde et Contador), l'Allemand Andre Greipel a été retardé par l'incident.
Les explications habituelles (rétrécissement de la chaussée, aménagement de voirie, chaussée glissante) sont à rejeter cette fois. La route était large, dénuée d'obstacles, selon les différents témoignages. Le carambolage a été provoqué par une "touchette", sans doute une mauvaise inspiration d'un coureur voulant passer sur le côté. Dans le final, la tension grandit entre les prétendants aux honneurs (victoire d'étape ou classement général) qui veulent tous se placer dans le haut du peloton, là où s'est produit la chute, aux alentours de la 25e position.
Parmi les victimes de l'empilage, Froome a déploré la présence d'un coéquipier, le précieux Edvald Boasson Hagen. Les radiographies pratiquées après la course ont permis de conclure à une petite fracture de la tête de l'humérus et de l'omoplate pour le Norvégien qui se tenait l'épaule en franchissant la ligne.
"Eddie", le chef de file du groupe Sky dans les classiques, est l'un des hommes de base du groupe. En 2011, il avait sauvé le bilan de l'équipe britannique en gagnant deux étapes. L'an passé, il avait joué un rôle-clé auprès du futur vainqueur Bradley Wiggins. Pour lui comme pour la formation de Froome, déjà privée d'un coureur (Kiryienka) à la sortie des Pyrénées et visiblement moins puissante que par le passé, les années ne se ressemblent pas vraiment.