D’après une étude menée par des chercheurs londoniens, les infections graves au Covid-19 pourraient provoquer des réactions immunitaires qui endommageraient sur le long terme les cellules nerveuses du cerveau, augmentant alors la confusion et les problèmes de mémoire chez les patients.
Une étude britannique a permis de faire le lien entre le coronavirus et certains effets cérébraux à long terme. Des scientifiques du King’s College de Londres (Angleterre) ont découvert qu’une réponse immunitaire au virus augmenterait le taux de mortalité des neurones chez certains patients contaminés. Cette action aurait alors un impact négatif sur leur régénération dans la région de l’hippocampe du cerveau, cruciale pour l’apprentissage et la mémoire.
Même si elle doit encore être étayée par d’autres recherches, cette découverte a permis aux chercheurs londoniens d’entrevoir un potentiel remède contre les maux décrits par l’étude. «Ces symptômes neurologiques sont très préoccupants pour les patients et leurs familles, mais il y a un espoir que notre recherche puisse aider à identifier les traitements les plus appropriés pour atténuer ou prévenir ces symptômes», a déclaré Carmine Pariante, professeur de psychiatrie biologique à l'Institut de KCL, pour The Guardian.
La protéine IL-6 au cœur du mécanisme
Pour parvenir à ce constat, les chercheurs ont analysé le sang de 36 patients Covid admis au Guy’s and St Thomas NHS Foundation Trust à Londres lors de la première vague de la pandémie. Ils ont découvert que les niveaux d'une protéine appelée interleukine 6 (IL-6), que les cellules immunitaires libèrent, étaient plus de 15 fois plus élevés que la normale chez les individus infectés.
Chez les patients Covid-19 atteints de délire, à savoir un état de confusion extrême les empêchant de savoir qui ils sont et où ils se trouvent, l’IL-6 était six fois plus élevée que chez les autres personnes contaminées par le coronavirus. A partir de cette observation, les scientifiques en charge de l’étude ont fait le lien entre la présence massive de la protéine et le développement de problèmes cérébraux à long terme.
Ils ont découvert que le sang des patients atteints de délire augmentait le taux de mortalité normal des neurones et réduisait la génération de nouvelles cellules cérébrales. «Ce qu'ils ont pu montrer, c'est qu'une inflammation accrue a un effet direct sur les cellules cérébrales dont nous savons qu'elles sont liées au délire et aux problèmes de mémoire. La réduction des mécanismes de réparation et de régénération pourrait commencer à expliquer pourquoi les personnes atteintes de délire peuvent avoir des problèmes cognitifs à plus long terme», a détaillé le Dr Thomas Jackson, un gériatre de l’Université de Birmingham, dans le journal britannique.
Ce dernier a même assuré que cette réaction immunitaire pourrait contribuer au «brouillard cérébral» rapporté par certains patients atteints de Covid-19 et qui peut persister pendant des mois après l’infection. Pour confirmer cette découverte, des recherches à plus grande échelle vont être lancées dans les prochaines semaines. La prochaine en date sera l'étude Covid-CNS, qui va enquêter sur 800 patients britanniques ayant eu des complications neurologiques ou neuropsychiatriques liées au coronavirus.