Professeur d'épidémiologie à l'Institut Pasteur et membre du conseil scientifique, Arnaud Fontanet estime que le pic de la 7e vague de Covid-19 pourrait occasionner plus d'hospitalisations qu'en avril.
Tous les regards sont tournés vers les hôpitaux alors que la 7e vague de contaminations au Covid-19 déferle sur la France. Le système de soins, éreinté, saura-t-il faire face ? Arnaud Fontanet, professeur d'épidémiologie à l'Institut Pasteur et membre du conseil scientifique, craint un pic d'hospitalisations «supérieur à celui d'avril».
En réalité, il est de plus en plus difficile de prédire l'évolution de la courbe épidémique. Auprès du Journal du dimanche, l'épidémiologiste explique notamment qu'il est aujourd'hui «impossible» de réaliser des «projections du nombre de cas», car «les modèles doivent prendre en compte de plus en plus de paramètres liés à nos infections et à nos injections vaccinales passées».
Dans des régions comme Ile-de-France, le taux de croissance de la plupart des indicateurs diminue tout en restant positif : ces indicateurs continuent à croître mais plus lentement. Cela peut constituer un indicateur précoce pour le pic épidémique, dont la date est incertaine. pic.twitter.com/zM8WL4nje7
— Simon Cauchemez (@SCauchemez) July 7, 2022
Le nombre d'hospitalisations à venir dans les quinze prochains jours peut en revanche être déduit «sur la base des contaminations actuelles». Or, les modélisations de l’institut Pasteur, projettent «1.700 nouvelles admissions quotidiennes à l’hôpital à l’horizon du 18 juillet, contre autour d’un millier ces jours-ci». Une trajectoire proche du niveau atteint au printemps et dont le pic pourrait même dépasser celui d'avril.
Pourtant, cette semaine, un ralentissement de la croissance de l'épidémie a été observé. Arnaud Fontanet note même qu'en Ile-de-France, «première zone touchée par la vague BA.5», «la croissance du taux de positivité des tests» a ralenti «pour la première fois». Une «nouvelle rassurante» mais qui ne permet pas de considérer la vague passée dès à présent.
Néanmoins si cette tendance se confirme, alors «un pic pourrait prochainement être atteint en région parisienne». Paradoxalement, ce serait plutôt une bonne nouvelle car «ça validerait l'idée qu'il n'y a plus de risque de saturation des hôpitaux, même en l'absence de mesures de contrôle épidémique».
En attendant d'être fixé sur ce point-là, le membre du conseil scientifique conseille de «protéger les plus fragiles». «En période de pic, je ne serais pas choqué par le retour d’une obligation de mettre le masque dans le métro ou le train, développe-t-il. Il s’agit d’un geste peu contraignant, et l’obligation envoie un signal simple et fort démontrant une circulation intense du virus».