Depuis le mois de septembre, marquant le début de l’offensive israélienne contre le Hezbollah au Liban, la Syrie, alliée de l’Iran jusque-là épargnée, se retrouve aujourd’hui largement impactée par son voisin.
Des conséquences désastreuses. Au lendemain de l'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël, ayant déclenché la guerre à Gaza, et en soutien au mouvement islamiste palestinien du Hamas, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël qui a dégénéré en guerre ouverte en septembre dernier au Liban.
La Syrie, alliée de l’Iran et voisine du Liban, se retrouve aujourd’hui touchée par les conflits, sans pour autant être directement impliquée dans la guerre au Proche-Orient. Pour mieux comprendre la situation, il faut remonter au déclenchement du soulèvement populaire en Syrie de 2011.
Le prisme de l'Iran sur la Syrie
A cette époque, le mouvement islamique chiite libanais du Hezbollah a été un acteur étranger déterminant, assistant le régime de Bachar al-Assad aux côtés de la République islamique d’Iran et de la Russie, dans ce qu’il a appelé l’«axe de la résistance à Israël» pour s’opposer à l’intervention des Etats-Unis et ses alliés de la région.
Et pour cause, la situation géographique de la Syrie est indispensable à l’Iran, lui offrant un accès à la mer Méditerranée, en plus d’avoir une frontière commune avec Israël, ce qui en fait un précieux fief pour menacer l’État hébreu. Elle permet notamment le ravitaillement terrestre du Hezbollah en armes, avec des convois qui transitent par l’Irak. D’où l’intérêt d'Israël de frapper la Syrie pour déstabiliser l’Iran par exemple.
Or, depuis septembre et la guerre menée par Israël contre le Hezbollah, le mouvement islamique a été largement fragilisé, perdant une partie de son influence au Liban, et, de fait, en Syrie. Si pour le moment l’unique but de Tsahal est de déstabiliser l’Iran et ses mandataires, le régime syrien en tant que tel n’est pas visé directement.
D’autant plus que Bachar al-Assad, abritant au sein de son pays deux bases militaires stratégiques russes, courrait un grand risque s’il était tenté de voler au secours de ses alliés pro iraniens au Liban. Un tel scénario que les Etats-Unis et la Russie ont intérêt à freiner avec velléité, au risque d’accroître des tensions déjà particulièrement vives.
La Syrie inondée par l'afflux de réfugiés
Mais au-delà des intérêts de chacun, la Syrie fait face à un afflux d’environ 560.000 réfugiés libanais, selon l'agence des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR). Les autorités libanaises estiment ce chiffre à plus de 610.000. Le représentant de l’agence, Gonzalo Vargas Llosa, a déclaré qu'environ 65% de ceux qui se rendaient en Syrie, étaient des réfugiés syriens. Selon le HCR, environ 400.000 Syriens sont rentrés dans leur pays depuis le Liban entre 2017 et le 23 septembre dernier.
«C'est plus ou moins le même nombre qu'il y a eu sur une période de sept à huit semaines» depuis l'escalade des violences au Liban, a indiqué Gonzalo Vargas Llosa, ajoutant que quelque 150.000 Libanais étaient également arrivés en Syrie au cours de cette période.
Dernière préoccupation, au vu de la situation particulièrement fragile de la Syrie, les positions militaires du régime risquent également de pâtir de la situation, créant une brèche idéale pour les factions rebelles et autres groupes terroristes. En effet, ces derniers jours, pour la première fois depuis 2020, Alep, capitale économique de Syrie, est tombée aux mains des islamistes du Hayat Tahrir al-Sham.
En trois jours, ces «rebelles», composés d’anciens membres d’al-Nosra, déjà recomposée de la branche syrienne d’al-Qaïda, «ont pris le contrôle de la majorité d'Alep, des centres gouvernementaux et des prisons» selon un communiqué de l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme.
Ce sujet devrait être au cœur des discussions dès ce lundi 2 décembre entre le président de la République Emmanuel Macron et le prince héritier d’Arabie Saouadite Mohammed ben Salmane. Le chef d’Etat a été invité par le président des Emirats arabes unis, Mohamed ben Zayed Al-Nahyane, une première en trois ans, notamment pour intensifier les liens avec ce puissant acteur du Moyen-Orient et à «œuvrer ensemble» à la stabilisation régionale.