Les services secrets allemands ont alerté l’Europe ce lundi, concernant le danger croissant que représentent selon eux les ingérences de Moscou sur le continent, notamment sur une potentielle confrontation militaire directe entre la Russie et l’OTAN dès 2030.
Augmentation des actes d'espionnage et de sabotage, mais surtout une possible confrontation militaire avec l'OTAN dès 2030. Les services secrets allemands se sont montrés alarmistes lundi face au danger croissant que représentent selon eux les ingérences de Moscou en Allemagne et en Europe.
Lors d’une audition annuelle devant les députés allemands, les trois chefs des services de renseignement du pays ont dressé un tableau sombre pour l’Europe, alors que la guerre en Ukraine marque bientôt ses trois ans et qu’un conflit semble s’installer au Proche-Orient.
«Ça brûle quasiment partout», a résumé le chef du Renseignement intérieur (BfV), Thomas Haldenwang, à propos des menaces venues de l'extérieur - Russie, Chine, Iran - comme de l'intérieur avec l'islam radical et l'extrême droite.
Les responsables des services de renseignement ont été particulièrement loquaces sur l'ingérence protéiforme de Moscou en Allemagne dans le contexte de la guerre en Ukraine, dont l'Allemagne est le deuxième fournisseur en armes après les Etats-Unis.
«Que cela nous plaise ou non : nous sommes en conflit direct avec la Russie», n'a pas hésité à déclarer le patron des services d'espionnage et contre-espionnage allemands (BND), Bruno Kahl.
L'Allemagne de plus en plus visée
«L'espionnage et le sabotage russes augmentent en Allemagne, tant quantitativement que qualitativement», a abondé Thomas Haldenwang. Et pour cause, l'Allemagne a été secouée par plusieurs affaires présumées d'espionnage au profit de la Russie en particulier depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022.
En avril, deux hommes ayant les nationalités russe et allemande ont été inculpés pour avoir planifié des actes de sabotage au profit de la Russie, y compris sur une base de l'armée américaine, afin de saper l'aide allemande à l'Ukraine.
Thomas Haldenwang a accusé Moscou d'être derrière le cas d'un colis qui a pris feu dans un centre du transporteur DHL à Leipzig (est) en juillet avant son transport prévu en avion.
Si le colis «avait explosé à bord pendant le vol», a-t-il dit, «il y aurait eu un crash et les débris auraient pu toucher tous les gens qui, ici en Allemagne, sympathisent avec Vladimir Poutine et son régime, ouvertement et secrètement». Thomas Haldenwang a aussi mentionné des campagnes de désinformation et des cas d'utilisation de drones espions.
De «tempête», la menace russe est «devenue un véritable ouragan» qui se déplace «d'est en ouest», a-t-il ajouté dans une métaphore avec les États baltiques et la Pologne, où les actions russes «sont beaucoup plus brutales qu'elles ne le sont actuellement ici».
La présidente du Service de contre-espionnage militaire (Bamad), Martina Rosenberg, a fait état d'une «augmentation significative des actes d'espionnage et de sabotage» visant l'armée allemande. Moscou cherche ainsi notamment à se renseigner sur «les livraisons d'armes allemandes à l'Ukraine» et à «susciter un sentiment d'insécurité», selon elle. Et le Kremlin «se prépare à une escalade de plus en matière d'actions hybrides et secrètes», a estimé Bruno Kahl.