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Affaire «Marco Polo» : l'Iran aurait commandité des assassinats de juifs en Europe

Depuis 2015, l'Iran se tourne à nouveau les assassinats ciblées, pratique dont l'Europe était épargnée depuis vingt ans. [©ATTA KENARE/AFP ]

L’Iran aurait commandité l’assassinat de plusieurs personnes juives en France et en Allemagne, illustrant la résurgence de la menace terroriste ordonnée par le gouvernement iranien en Europe.

La réapparition du «terrorisme d’État iranien» en Europe ? L’Iran aurait tenté d’organiser des assassinats ciblés de personnes juives en France et en Allemagne.

L’affaire, nommée «Marco Polo» et révélée par Mediapart, puis confirmée par l'Agence France-Presse de sources policière et proche du dossier, ne concernerait pas seulement un couple de trentenaires dans le viseur des autorités françaises depuis plusieurs semaines, mais bien les plus hautes sphères de la République islamique d’Iran.

Abdelkrim S et sa compagne Sabrina B ont ainsi été mis en examen à Paris le 4 mai dernier pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Le couple aurait été missionné par Téhéran pour «frapper des cibles civiles» afin d'accentuer «le sentiment d'insécurité au sein de l'opposition» au gouvernement iranien et parmi «la communauté juive et/ou israélienne», explique une synthèse de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

une cellule coordonnée par un puissant narcotrafiquant 

Plusieurs de leurs cibles ont déjà été identifiées : un ancien employé parisien d'une société israélienne de sécurité et trois de ses collègues, en région parisienne, ainsi que trois individus israélo-allemands vivants à Munich et à Berlin.

Abdelkrim S, âgé de 34 ans, avait déjà eu affaire à la justice. En 2015, il avait été impliqué dans la tuerie du tunnel du Prado-Carénage à Marseille et condamné à dix ans d'emprisonnement.

Un de ses anciens codétenus l’aurait introduit au «coordinateur» d’une cellule implantée dans l'Hexagone et ordonnée par l’Iran afin de mener des actions violentes en France et outre-Rhin, selon la DGSI.

Après avoir été libéré sous contrôle judiciaire en juillet 2023, Abdelkrim S. serait devenu le «principal opérateur» de cette cellule, coordonnée par un influent narcotrafiquant de la région lyonnaise vivant potentiellement en Iran en mai, d’après les enquêteurs.

Afin de préparer les assassinats, le couple se serait rendu en Allemagne en février et avril dernier, malgré le contrôle judiciaire d’Abdelkrim S. Tous deux ont nié cet objectif attribué à leur voyage et ont affirmé que leur excursion à Berlin était motivée par l'envie d’y faire les magasins.

l'iran, acteur de la menace terroriste en europe

Selon une source policière de l’AFP, la cellule dont Abdelkrim S. était à la tête serait aussi responsable de quatre incendies d’entreprises «appartenant à des ressortissants israéliens», survenus entre fin décembre 2023 et janvier 2024 dans le sud de la France.

Lors de sa détention, l'accusé a réfuté sa participation directe aux incendies et a affirmé avoir simplement joué le rôle d'intermédiaire entre le commanditaire des événements et d’autres personnes via Telegram afin d’élaborer un plan d’arnaque à l’assurance.

Le rôle de l'Iran dans la planification de l’opération «Marco Polo» doit être replacé dans le contexte plus large de résurgence du «terrorisme d’État iranien», selon la DGSI.

«À partir de 2015, les services iraniens ont renoué avec une pratique d’assassinats ciblés qui n’avait plus été observée en Europe depuis une vingtaine d’année», a-t-elle expliqué. Cette menace se serait intensifiée avec la guerre entre Israël et le Hamas.

En juin dernier, le procureur antiterroriste Olivier Christen avait déjà évoqué «une éventuelle menace terroriste que feraient peser sur notre sécurité certaines puissances étrangères».

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