Singapour s'apprête à pendre cette semaine deux condamnés pour trafic de drogue, dont la première femme à subir ce châtiment en près de 20 ans, ont déclaré ce mardi des organisations de défense des droits, exhortant à cesser les exécutions.
Une pendaison rare. Cette semaine, une femme va être pendue à Singapour, une première en 20 ans. Elle a été condamnée avec un autre homme pour trafic de drogue.
Selon l'organisation locale de défense des droits Transformative Justice Collective (TJC), l’homme de 56 ans qui doit être pendu ce mercredi 26 juillet a été condamné pour trafic de 50 grammes d'héroïne.
La femme, âgée de 45 ans, a été identifiée par le TJC comme Saridewi Djamani. Elle doit être pendue vendredi, après avoir été condamnée à mort en 2018 pour le trafic d'environ 30 grammes d'héroïne.
Elle est en passe de devenir la première femme à être exécutée à Singapour depuis la pendaison d'une coiffeuse de 36 ans en 2004, a déclaré Kokila Annamalai, militant au sein de TJC.
Les familles des condamnés, tous deux Singapouriens, ont reçu des avis fixant les dates de leurs exécutions, selon TJC. Les responsables de la prison n'ont pas répondu aux questions envoyées par courriel à l'AFP pour obtenir une confirmation.
Des peines très lourdes pour le trafic de drogue
Singapour impose la peine de mort pour certains crimes, notamment le meurtre et certaines formes d'enlèvement.
La législation antidrogue y est également parmi les plus sévères au monde. Le trafic de plus de 500 grammes de cannabis et de 15 grammes d'héroïne est passible de la peine de mort.
Au moins 13 personnes ont été pendues depuis que le gouvernement a repris les exécutions, après une interruption de deux ans pendant la pandémie de Covid-19.
Amnesty International, organisation de défense des droits humains, a demandé ce mardi à Singapour de mettre un terme aux exécutions imminentes.
«Il est inadmissible que les autorités de Singapour continuent de procéder à de nouvelles exécutions au nom de la lutte contre la drogue», a déclaré dans un communiqué Chiara Sangiorgio, spécialiste de la peine de mort au sein d'Amnesty International.
«Alors que les pays du monde entier abandonnent la peine de mort et réforment leur politique en matière de drogues, les autorités de Singapour ne font rien de tout cela», a-t-elle ajouté.
De son côté, Singapour insiste sur le fait que la peine de mort a un effet dissuasif efficace sur la criminalité.
Selon Chiara Sangiorgio, «rien ne prouve que la peine de mort ait un effet dissuasif unique ou qu'elle ait un impact sur la consommation et la disponibilité des drogues».