Le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a été démis de ses fonctions ce mardi 25 juillet. Cette décision intervient alors qu'il a disparu de l'espace public depuis un mois.
Commentée depuis un mois sur les réseaux sociaux, l'absence inexpliquée du ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, vient de connaître un épilogue singulier. Ce mardi 25 juillet, ce proche du président Xi Jinping a été relevé de ses fonctions sans que les autorités ne donnent aucune justification.
Qin gang, 57 ans, était en poste depuis fin décembre mais sa dernière apparition publique remonte au 25 juin. Ce jour-là, d'après les comptes-rendus de son ministère, il s'était notamment entretenu à Pékin avec Andreï Rudenko, le vice-ministre russe des Affaires étrangères.
Depuis, le ministre a manqué tous ses rendez-vous diplomatiques, y compris une importante réunion de l'Association des Nations du Sud-Est asiatique (Asean) en Indonésie, début juillet.
Une visite à Pékin de Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l'Union européenne, a été annulée peu de temps après, tandis que celle du ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, a été reportée. Le ministère avait d'abord évoqué des «raisons de santé» pour justifier l'absence de Qin Gang, avant de se murer dans un quasi-silence à son sujet.
Ce mardi, l'agence de presse officielle Chine nouvelle a simplement annoncé : «Qin Gang est relevé de ses fonctions de ministre des Affaires étrangères». L'agence évoque une décision du comité permanent de l'Assemblée nationale populaire mais ne donne pas plus d'explications.
Des rumeurs sur les réseaux sociaux
Le ministre est remplacé à son poste par Wang Yi, le plus haut responsable des relations diplomatiques au sein du Parti communiste chinois (PCC). Ce dernier a déjà oeuvré en tant que ministre des Affaires étrangères, de 2013 à 2022, et remplissait déjà certaines obligations en l'absence de Qin Gang.
Le fait que les autorités éludent les questions sur le sort de l'ex-ministre a alimenté de nombreuses rumeurs sur les réseaux sociaux. L'une d'entre elles fait état d'une liaison adultère avec une présentatrice d'une chaîne de télévision de Hong Kong.
Pour les spécialistes, il n'est toutefois pas certain que la disparition de Qin Gang soit le résultat d'une «purge». Le chercheur Manoj Kewalramani, du cercle de réflexion Takshashila Institution, a notamment souligné que le maintien de son titre de conseiller d'Etat suggère qu'il ne s'agit pas d'une sanction mais plutôt d'un «problème de santé».
Le juriste Moritz Rudolf, spécialiste de la Chine à la faculté de droit de Yale (Etats-Unis), estime néanmoins que «l'ascension rapide de Qin Gang», promu par Xi Jinping lui-même, «a pu susciter un certain ressentiment chez d'autres hauts responsables du ministère chinois des Affaires étrangères».
Pour l'analyste, son départ soudain démontre que «le fonctionnement du PCC n'est peut-être pas aussi carré et stable qu'on pourrait le supposer».