En direct
A suivre

Chine : ce que l’on sait de l’étrange disparition du ministre des Affaires étrangères chinois

Qin Gang, le ministre des Affaires étrangères chinois, a disparu des radars depuis le 25 juin. [Terje Pedersen/NTB/via REUTERS]

Le ministre chinois des Affaires étrangères n'est plus apparu publiquement depuis presque un mois.

Introuvable. Qin Gang, ministre chinois des Affaires étrangères et proche du président Xi Jinping, n'a plus fait d'apparition publique depuis le 25 juin dernier. Si officiellement, cette absence serait due à des problèmes de santé, de nombreuses rumeurs courent officieusement.

Qui est Qin Gang ?

Nommé vice-président chinois des Affaires étrangères en 2018 à l'âge de 52 ans, Qin Gang a depuis connu une ascension fulgurante. Le diplomate a été promu ambassadeur de Chine aux Etats-Unis en juillet 2021, au moment où les tensions sont prégnantes entre les deux premières puissances économiques mondiales.

Une expérience concluante car Qin Gang a été rappelé à Pékin fin décembre 2022 pour prendre la tête du ministère des Affaires étrangères. En plus de six mois, il a mené à bien sa mission, apparaissant publiquement le 19 juin dernier, aux côtés de Xi Jinping, lors de la visite du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken. Six jours plus tard, Qin Gang était vu pour la dernière fois aux côtés de représentants vietnamiens, srilankais et russes.

Remplacé par son prédecesseur

Depuis le 25 juin, c'est son précédesseur, Wang Yi, qui assure les affaires courantes, en rencontrant par exemple la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, ou John Kerry, l'envoyé spécial de Joe Biden pour le climat. Âgé de 69 ans, Wang Yi est directeur du bureau central des affaires étrangères du Parti communiste chinois (PCC), mais sans avoir de «responsabilités au sein de l'appareil de l'Etat», note Le Monde.

C'est finalement la participation de Wang Yi à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), qui force la Chine à évoquer l'absence de Qin Gang. Ce dernier aurait eu «du mal à assister à la série de réunions des ministres des Affaires étrangères (ASEAN) pour des raisons physiques», a déclaré le 11 juillet, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Wang Wenbin, sans donner plus de précision sur l'état physique du ministre et son éventuel retour. La radio publique RFI rapporte que le 14 juillet, le porte-parole de la diplomatie chinoise a affirmé n'avoir aucune information sur le sujet.

Des rumeurs d'adultère ou de disgrâce

Officiellement, Qin Gang a donc disparu de la circulation à cause de son état de santé. Une version plausible car la maladie est un tabou pour le pouvoir chinois, qui ne souhaite pas donner une image de faiblesse de son état-major. Mais alors que des médias hongkongais avaient au départ évoqué une contamination au Covid-19, un soupçon d'adultère reste la rumeur la plus tenace.

Les réseaux sociaux non-chinois font ainsi l'écho d'une relation extra-conjugale entre Qin Gang et une présentatrice de la chaîne Phoenix TV, avec qui le ministre aurait eu un enfant illégitime. Le fait que la journaliste se soit aussi volatilisée fait craindre les plus pessimistes des scénarios. Toutefois, James Palmer, responsable de la revue Foreign Policy, explique dans sa lettre hebdomadaire, publiée le 18 juillet, que cet adultère présumé «serait le symptôme de la chute de Qin, pas sa cause», laissant plutôt penser à une disgrâce.

Un horizon diplomatique incertain

«Etant un protégé de Xi Jinping, sa disgrâce, s'il s'agit bien de cela, est le résultat d'une décision prise au plus haut sommet du pays», analyse Claude Leblanc dans les colonnes de l'Opinion. «Le niveau de son méfait doit être aussi élevé auquel cas la sanction sera exemplaire». Il n'empêche que cette défaveur pourrait court-circuiter la vie diplomatique chinoise, très active dernièrement.

Alors que Xi Jinping vient de recevoir la visite du Premier ministre néo-zélandais Chris Hipkings, du président algérien Abdelmajid Tebboune ou encore de l'ancien secrétaire d'état américain Henry Kissinger, les visites des ministres européens sont en suspens depuis la disparition de Qin Gang.

La venue à Pékin de Josep Borrel, haut représentant des affaires étrangères de l'Union européenne, prévue le 10 juillet, ainsi a été reportée à une date encore inconnue. «Même si c'est formel, un Etat ne peut pas signer un accord avec le représentant du PCC», confie un ambassadeur au Monde, pour rappeler que le vétéran Wang Yi, n'est pas officiellement ministre des Affaires étrangères. De quoi promettre une prochaine annonce de Pékin, qui lèvera peut-être le voile sur le mystère de la disparition de Qin Gang.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités