La Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) doit s’entretenir ce mercredi 5 avril avec des responsables talibans, pour discuter d’une nouvelle interdiction gouvernementale qui empêche les femmes du pays de travailler pour l’ONU.
Près de 400 femmes concernées. Les talibans ont interdit aux femmes afghanes de travailler pour l’ONU, une mesure que la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) doit clarifier avec ces derniers ce mercredi 5 avril.
La nouvelle était tombée la veille, lorsque l'ONU avait annoncé que les talibans interdisaient désormais à ses employées afghanes, jusqu'ici épargnées par ce type de mesures appliquées aux ONG, de travailler avec l'organisation dans tout le pays.
Un peu plus tôt dans la journée, la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) avait rapporté que son personnel féminin afghan avait été empêché de travailler dans la province de Nangarhar, dans l'est du pays.
Women humanitarians bring life-saving services to women & girls.
They are essential to delivering humanitarian assistance to millions of people. #Afghanistan pic.twitter.com/cKEbHQaqMh— UN Women (@UN_Women) April 5, 2023
«La Manua a entendu parler d'un ordre des autorités de facto qui interdisent aux employées nationales de l'ONU de travailler» et «on nous a dit par différents canaux que l'interdiction s'applique à tout le pays», a déclaré à la presse Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Néanmoins, aucun ordre écrit n’a été reçu par l’ONG, raison pour laquelle des responsables de l'ONU doivent rencontrer les autorités mercredi à Kaboul pour tenter d'obtenir de la «clarté».
Une mixité cruciale
Au total, pas moins de 3.900 personnes travaillent pour l'ONU en Afghanistan dont 3.300 nationaux, selon les chiffres de l'ONU. Environ 600 femmes font partie de ces employés, dont près de 400 Afghanes.
«Pour le secrétaire général, une telle interdiction serait inacceptable et franchement inconcevable, a insisté Stéphane Dujarric, dénonçant une tendance à «saper les capacités des organisations humanitaires d'aider ceux qui en ont le plus besoin».
«De façon évidente, étant donné la société et la culture, nous avons besoin des femmes pour distribuer l'aide humanitaire aux femmes», a souligné le porte-parole.
Et pour cause, en Afghanistan, de par des coutumes profondément conservatrices et patriarcales, une femme n’a pas le droit de parler à un homme qui n’est pas un proche parent. De ce fait, une femme ne peut entrer en contact qu'avec une bénéficiaire d'aide du même sexe.
«Il est très difficile d'imaginer comment distribuer de l'aide humanitaire sans notre personnel féminin», a ainsi martelé Stéphane Dujarric. A noter qu’environ 23 millions d'hommes, de femmes et d'enfants sont concernés par l'aide humanitaire, a-t-il souligné.