Ce samedi, le ministère afghan de la Propagation de la vertu et de la Prévention du vice a démenti les informations de la chaîne Amu TV, assurant que les femmes avaient le droit de parler entre elles.
Le droit à la parole des femmes en Afghanistan sera-t-il muselé ? Fin octobre, la chaîne d'information afghane Amu TV, dont les locaux s'établissent aux États-Unis, déclarait que le régime des talibans comptait interdire aux femmes de réciter le Coran à voix haute en présence d'autres concitoyennes.
Ce samedi 9 novembre, le ministère de la Propagation de la vertu et de la Prévention du vice (PVPV), par l'intermédiaire de son porte-parole Saiful Islam Khyber, a souhaité démentir cette information. «Une femme peut parler à une autre femme, les femmes doivent interagir entre elles en société, les femmes ont des besoins», a-t-il déclaré auprès de nos confrères de l'AFP.
Un «apartheid de genre» pour l'ONu
Cette contradiction intervient également après que des enregistrements sonores ont été dévoilés par le média britannique The Telegraph, dans lesquels Mohammad Khalid Hanafi, ministre en charge de la PVPV, peut être entendu en train de déclarer que «quand une femme adulte prie, si une autre femme passe à côté d'elle, elle ne doit pas parler trop fort pour ne pas être entendue».
Cette idée est «débile» et «illogique», selon le porte-parole Khyber, qui a soutenu que ces extraits du discours du ministère étaient des «exceptions». Les femmes sont ainsi incitées à ne pas parler entre elles durant la prière.
Les Nations unies ont dénoncé, depuis le retour des talibans au pouvoir en 2021, un «apartheid de genre», en invisibilisant progressivement les femmes de la société et de l'espace public. De fait, les femmes n'ont plus le droit d'étudier après le primaire, d'aller dans les parcs, les salles de sport, les salons de beauté, ni sortir de chez elles sans chaperon.
Depuis le mois d'août, les Afghanes ont interdiction de chanter ou de déclamer de la poésie. Et ce, en raison d'une application stricte de la charia, la loi islamique. De nombreuses stations de radio ou chaînes de télévision ont petit-à-petit supprimé les voix et visages féminins de leur antenne.