Voisine de l'Ukraine et gouvernée par un pouvoir pro-européen, la Moldavie suspecte la Russie de planifier un coup d'Etat.
C'est une inquiétude de longue date qui pourrait se concrétiser. Selon la présidente moldave Maia Sandu, qui a pris la parole ce lundi 13 février, la Russie prépare un plan dont «l'objectif est de renverser l'ordre constitutionnel et de remplacer le pouvoir légitime de Chisinau (la capitale) par un pouvoir illégitime».
«Le plan prévoit des attaques d'édifices étatiques et des prises d'otages par des saboteurs au passé militaire camouflés en civil», a ajouté la cheffe d'Etat, en poste depuis décembre 2020.
‼️The President of #Moldova said that a pro-#Russian coup is being prepared in the country
At a briefing, Maia #Sandu spoke about the threat of destabilization of the situation in the country by the Russian special services and forces under their control. pic.twitter.com/nBrzDP9vMF— NEXTA (@nexta_tv) February 13, 2023
Evoquées par le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Bruxelles la semaine dernière, ces informations proviennent de documents interceptés par les services secrets ukrainiens. Les renseignements moldaves avaient alors confirmé l'information sans donner de détails, disant avoir «identifié des activités visant à affaiblir et déstabiliser» cette ex-république soviétique de 2,6 millions d'habitants située entre la Roumanie et l'Ukraine.
renforcement de la sécurité
D'après Maia Sandu, le Kremlin compte sur «l'implication de forces internes» comme le parti de l'oligarque prorusse en fuite Ilan Sor, mais aussi de possibles ressortissants russes, bélarusses, serbes et monténégrins.
Dans ce contexte, elle a annoncé un projet législatif visant à donner aux procureurs et aux services de renseignements «les instruments nécessaires pour combattre efficacement les risques de sécurité nationale».
De son côté le ministère russe des Affaires étrangères a démenti tout «plan de déstabilisation de la Moldavie», dénonçant des affirmations «absolument infondées et sans preuves».
une proie facile pour Moscou ?
La Moldavie a de bonnes raisons d'être inquiète. Le pays partage en effet de nombreux points communs avec son voisin ukrainien envahi par la Russie. Comme l'Ukraine, la Moldavie est une ancienne république soviétique, qui n'est ni membre de l'Otan, ni de l'UE, bien qu'elle soit candidate officielle depuis l'an dernier.
De plus, le pouvoir en place à Chisinau est, comme à Kiev, pro-européen. Enfin, une partie du territoire moldave, la Transnistrie, est aux mains de séparatistes pro-russes, ce qui n'est pas sans rappeler la situation dans le Donbass.
Depuis le début de la guerre, les signaux d'alerte se multiplient. En mai 2022, le renseignement américain s'inquiétait d'une extension de la guerre en Ukraine vers la Moldavie, après des explosions survenues en Transnistrie. Une inquiétude partagée par la France, qui soutient le pays dans le cadre d'une aide internationale.
Vendredi dernier, le ministère de la Défense moldave a détecté un projectile russe probablement tiré depuis la mer Noire ayant survolé deux villages dans sa course vers l'Ukraine.
Pays parmi les plus pauvres d'Europe, la Moldavie subit les conséquences du conflit voisin, entre accueil des nombreux réfugiés ukrainiens et crise énergétique.