En Moldavie, le «oui» ne l'a emporté que d'une courte tête au référendum d'adhésion à l'UE. Cette victoire est décevante pour la présidente, Maia Sandu, qui dénonce l'intervention de «forces étrangères hostiles».
La victoire est amère, ce lundi 21 octobre, pour Maia Sandu. Au référendum pour l'adhésion de son pays à l'Union européenne (UE), la présidente pro-européenne de Moldavie a vu le «oui» l'emporter, mais d'une très courte tête. Un camouflet pour la cheffe d'Etat qui candidate en parallèle à sa réelection.
Maia Sandu a soumis la candidature moldave à Bruxelles après avoir tourné le dos à Moscou en raison de l'invasion de l'Ukraine. Ce référendum, convoqué par ses soins, devait ainsi valider sa stratégie et déterminer le «destin» de son pays, ex-république soviétique de 2,6 millions d'habitants.
Tout ne s'est cependant pas déroulé comme prévu puisque le «non» a semblé l'emporter pendant de longues heures au cours du dépouillement. Le «oui» n'a pris le dessus que ce lundi matin, à quelques milliers de voix près et grâce au vote de la diaspora. D'après l'examen de près de 99% des bulletins, les Moldaves ont approuvé le principe d'une adhésion à l'UE à 50,28% seulement.
Criminal groups, working with foreign forces hostile to our national interests, have attacked our country with tens of millions of euros, lies, and propaganda, using the most disgraceful means to keep our nation trapped in uncertainty and instability.
— Maia Sandu (@sandumaiamd) October 20, 2024
Sans remettre en cause les négociations d'adhésion avec les Vingt-Sept, cette victoire sur le fil «affaiblit en quelque sorte l'image pro-européenne de la population et le leadership de Maia Sandu», selon Florent Parmentier, politologue spécialiste de la région interrogé par l'AFP.
La cheffe d'Etat moldave a réagi une première fois au cours de la nuit, dénonçant des ingérences. «Des groupes criminels, agissant de concert avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux, ont attaqué notre pays à coups de dizaines de millions d'euros, de mensonges et de propagande», a-t-elle déclaré.
Déplorant «une attaque sans précédent contre la démocratie» pour «piéger notre pays dans l'incertitude et l'instabilité», la présidente a promis de «ne pas plier».
Un système d'achat de votes révélé
Ces derniers mois, la police moldave a mené 350 perquisitions et procédé à des centaines d'interpellations de suspects accusés de vouloir perturber le processus électoral pour le compte de Moscou. Un système massif d'achat de votes a même été révélé, visant jusqu'à un quart des électeurs attendus aux urnes. Selon le groupe de réflexion WatchDog, la Russie aurait dépensé une centaine de millions de dollars pour influencer le scrutin.
En réaction aux propos de la cheffe d'Etat ce lundi, le Kremlin a non seulement exigé des «preuves» concernant ces «graves accusations» d'ingérence, mais aussi dénoncé des «anomalies» dans le comptage des voix. Selon Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, «il est difficile d'expliquer l'augmentation des voix en faveur de (Maia) Sandu et de l'adhésion à l'UE» lundi matin. «Quiconque connaît les processus électoraux peut détecter des anomalies dans la hausse de ces votes», a-t-il ajouté.
Pour Maia Sandu, ce résultat en demi-teinte intervient au mauvais moment, alors qu'elle est en parallèle engagée dans l'élection présidentielle. La candidate de 52 ans est arrivée en tête au premier tour avec 42% des voix contre 26% pour son adversaire, Alexandr Stoianoglo, soutenu par les socialistes prorusses.
Devenue en 2020 la première femme à occuper les plus hautes fonctions en Moldavie, cette ex-économiste de la Banque mondiale, réputée incorruptible, est désormais une personnalité européenne de premier plan.
Le second tour de l'élection présidentielle, prévu le 3 novembre, pourrait néanmoins être plus difficile pour elle, en raison du contexte mais aussi parce que son rival peut compter sur les réserves de voix de nombreux petits candidats.