Le président américain Joe Biden est apparu combatif au Congrès mardi 7 février pour le traditionnel discours sur l'état de l'Union. Le démocrate, peu bavard sur les questions internationales, a promis de rendre à l'Amérique sa «fierté» et son «unité».
Il veut «finir le travail», rendre à l'Amérique populaire sa «fierté» et à la nation son «unité» : le président américain Joe Biden, qui envisage de briguer un second mandat, a livré mardi devant le Congrès un discours sur l'état de l'Union aux accents de campagne. «Nous devons être la nation que nous avons toujours été quand nous étions au sommet. Optimiste. Pleine d'espoir. Tournée vers l'avenir», a-t-il déclaré.
Pour cet exercice annuel, le premier depuis le basculement de la Chambre des représentants côté républicain, le démocrate de 80 ans a fait face à une assemblée chahuteuse. Les élus de la droite radicale ont multiplié les invectives, à l'image de la pro-Trump Marjorie Taylor-Greene qui s'est levée à plusieurs reprises pour traiter Joe Biden de «menteur».
President Biden congratulates Rep. Kevin McCarthy on his election as speaker of the House:
"Speaker, I don't want to ruin your reputation, but I look forward to working with you."
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D'humeur combative, visiblement détendu, Joe Biden a de son côté préféré manier l'humour. «Je ne veux pas ruiner votre réputation, mais j'ai hâte de travailler avec vous», a-t-il lancé au nouveau «speaker» républicain de la Chambre, Kevin McCarthy, applaudi par tout l'hémicycle.
«nous avons perdu (...) notre fierté»
Tout au long de son discours, Joe Biden s'est présenté en président qui «comprend» les fins de mois difficiles, consacrant l'essentiel de son allocution de plus d'une heure aux problèmes de la vie quotidienne.
President Biden directly addresses the American people and their concerns about being left behind in the economy:
"I know you feel it. So many of you’ve felt like you’ve just simply been forgotten." pic.twitter.com/KzRb8zsB0l— MSNBC (@MSNBC) February 8, 2023
Promettant d'oeuvrer pour les «oubliés» de la croissance, ceux que le précédent président et actuel candidat Donald Trump a su en partie séduire, Joe Biden a déploré que «durant des décennies, la classe moyenne a été écrasée». «Et, au fil du temps, nous avons perdu autre chose. Notre fierté. Notre confiance en nous», a-t-il regretté, en promettant de les rétablir.
A la peine dans les sondages, il a joué la carte du pragmatisme, faisant l'article, dans les détails les plus précis, de ses grands projets de loi censés ramener des emplois et des usines, et faciliter la vie des consommateurs.
interdire les fusils d'assaut
Il a aussi appelé les républicains à le rejoindre pour adopter toute une série de grandes réformes - tout en sachant pertinemment qu'il ne sera jamais suivi par les parlementaires les plus radicaux, dont dépend le parti républicain pour contrôler la Chambre des représentants.
Joe Biden a réclamé une interdiction «pour de bon» des fusils d'assaut, de lourdes taxes sur les milliardaires et les multinationales, un plafonnement du prix de l'insuline, une régulation dure des géants de la tech qui «mènent des expériences sur (les) enfants et siphonnent les données des adolescents pour alimenter leurs profits». Il a par ailleurs promis d'opposer son «veto» si «le Congrès passe une interdiction nationale» du droit à l'avortement, remis en cause dans nombre d'Etats américains depuis son dynamitage par la Cour suprême en 2022.
Le président a aussi fait applaudir les parents de Tyre Nichols, jeune homme afro-américain mort après avoir été passé à tabac par des policiers à Memphis. Et jugé que l'Amérique ne «pouvait pas se détourner» du problème des violences policières.
l'amérique prête à «agir» face à Pékin
Alors qu'il y a un an, Joe Biden, s'exprimant quelques jours après l'invasion de l'Ukraine, avait beaucoup insisté sur les questions internationales, il est cette fois passé assez rapidement sur le sujet.
Le président américain était surtout attendu sur la Chine : l'affaire du ballon chinois abattu samedi après avoir survolé le territoire américain pendant plusieurs jours lui vaut des reproches de faiblesse à droite. L'Amérique «agira» si Pékin «menace sa souveraineté», a-t-il alerté, appelant toutefois, là aussi, à «l'unité» entre démocrates et républicains pour gagner la «compétition» avec Pékin.
Invitant les parlementaires à ovationner l'ambassadrice ukrainienne, présente dans la salle, Joe Biden a promis que les Etats-Unis soutiendraient l'Ukraine «aussi longtemps qu'il le faudra».
Candidat déclaré à la présidentielle, et donc potentiel opposant de Joe Biden, Donald Trump a commenté en direct le discours sur son réseau social, Truth Social, décernant même un rarissime compliment au président : «Je m'oppose à la majorité de ses politiques, mais il a mis des mots sur ce qu'il ressentait et a bien mieux terminé la soirée qu'il ne l'avait commencée», a-t-il salué.