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Eva Kaili : tout savoir sur l'ex vice-présidente du Parlement européen au coeur de soupçons de corruption au profit du Qatar

Elue socialiste grecque du Parlement européen, Eva Kaili, 44 ans, est soupçonnée d'avoir accepté des pots-de-vin de la part du Qatar. Jusqu'à présent inconnue du grand public, les accusations dont elle fait l'objet révèlent également un parcours singulier.

Moins de onze mois après avoir été nommée vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili est désormais en détention. L'élue socialiste grecque est au coeur d'un scandale de corruption présumée impliquant le Qatar. Elle est soupçonnée d'avoir été payée par Doha pour défendre les intérêts de l'Emirat qui accueille actuellement le Mondial de football.

Des «sacs de billets» ont été retrouvés au domicile d'Eva Kaili au cours d'une enquête menée par le parquet fédéral belge pour des faits de «corruption» et de «blanchiment d'argent» en bande organisée. L'eurodéputée a été placée en détention dimanche 11 décembre, à Bruxelles.

Ses liens avec le Qatar

Au sein du Parlement européen, Eva Kaili était membre d'une délégation visant à développer les relations de l'Union européenne avec la péninsule arabe. Dans ce cadre, elle s'était rendue au Qatar juste avant le début de la Coupe du monde de football 2022. 

En présence du ministre qatarien du Travail, elle avait alors salué les réformes de l'Emirat dans ce secteur, à un moment où le Qatar est justement décrié en matière de respect des droits humains, notamment ceux des travailleurs migrants ayant oeuvré sur les chantiers du Mondial.

Le 22 novembre dernier, à la tribune du Parlement européen, Eva Kaili avait pourtant déclaré que cette compétition «est une preuve concrète de la façon dont la diplomatie sportive peut aboutir à une transformation historique d'un pays dont les réformes ont inspiré le monde arabe». Des propos, qui, à l'époque, avaient suscité des remous dans les rangs de la gauche et des libéraux.

La découverte de sac de billets chez Eva Kaili a conduit à son exclusion du parti socialiste grec mais aussi de son groupe politique au Parlement européen. Ses avoirs ont par ailleurs été gelés par l'Autorité grecque de lutte contre le blanchiment d'argent. L'élue a également été déchue de sa fonction de vice-présidente ce mardi, lors d'un vote en session plénière à Strasbourg.

Pour l'heure Eva Kaili nie les faits et Doha a démenti être impliqué dans des tentatives de corruption. Trois autres personnes ont été écrouées dans cette affaire, dont le compagnon de l'élue grecque.

Un parcours atypique

Aujourd'hui âgée de 44 ans et mère d'une petite fille de deux ans, Eva Kaili a fait son entrée en politique à seulement 20 ans. Son premier mandat était celui de conseillère municipale de Thessalonique, la deuxième ville de Grèce dont elle est originaire.

A l'époque étudiante en architecture, elle s'est réorientée dès l'obtention de son diplôme. Eva Kaili a poursuivi des études en relations internationales et européennes, suivant en parallèle des cours de journalisme.

C'est d'ailleurs en tant que journaliste que les Grecs l'ont d'abord découverte. Elle a en effet présenté les journaux de Mega, l'une des grandes chaîne privées grecques, de 2004 à 2007. Son visage n'était donc pas inconnu lorsqu'elle a fait son entrée au Parlement grec, à l'âge de 29 ans. Elle était alors la plus jeune députée du parti socialiste grec Pasok-Kinal.

Eva Kaili a été élue au Parlement européen sept ans plus tard, en 2014, dans le groupe des Socialistes et Démocrates (S&D). Un mandat qu'elle a conservé lors du scrutin européen de 2019. Son élection en tant que vice-présidente de l'assemblée européenne date quant à elle de janvier 2022.

Une figure controversée du socialisme grec

Dans son pays natal, Eva Kaili a pendant un temps été perçue comme une étoile montante du parti socialiste Pasok-Kinal. Ca n'a toutefois pas duré, puisqu'elle s'est distanciée du parti à plusieurs reprises.

L'élue avait notamment critiqué l'accord entre Athènes et Skopje, signé en 2019, qui a mis fin à un conflit vieux de vingt-sept ans concernant l'appellation de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine, désormais Macédoine du Nord.

Elle s'était contre toute attente positionnée sur la même ligne que le parti conservateur grec, estimant que le nom de Macédoine ne pouvait être donné à un autre pays puisqu'il désigne une région du nord de la Grèce. «J'ai honte. C'est un dommage irréparable pour l'Histoire, la Macédoine et les Grecs», avait-elle tweetté lors de la signature de l'accord.

Eva Kaili avait aussi critiqué les aides sociales distribuées en 2019 par la gauche radicale (Syriza) lors de la crise économique qui avait précipité de nombreux Grecs dans la pauvreté. «Les allocations sont pour les fainéants», avait-elle déclaré.

Les liens d'Eva Kaili avec le Pasok-Kinal s'étaient tellement distendus que le président du groupe socialiste, Nikos Androulakis, l'avait, selon ses dires, «informée qu'elle ne serait plus candidate avec notre parti aux prochaines élections européennes». D'après lui, Eva Kaili «agissait comme un cheval de Troie de la Nouvelle démocratie», c'est-à-dire la droite au pouvoir en Grèce.

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