Plus de 30% de la population d’Amérique latine est touchée par la pauvreté, et plus de 13% par l’extrême pauvreté en 2022, selon un rapport de l’ONU, qui appelle à s’attaquer d’urgence à ce problème, notamment par le biais de l’éducation.
L’extrême pauvreté a repris de plus belle en Amérique latine, a alerté la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (Cepalc) de l’ONU dans un rapport rendu public ce jeudi.
«201 millions de personnes (32,1 % de la population totale de la région) vivent dans des situations de pauvreté, dont 82 millions (13,1 %) dans l'extrême pauvreté», a indiqué la commission, qui a ajouté que les taux de pauvreté avaient dépassé les seuils pré-pandémique, après une légère amélioration en 2021. «Après une forte augmentation de la pauvreté et une légère hausse des inégalités de revenus en 2020 suite à la pandémie de Covid-19, les taux d'extrême pauvreté et de pauvreté ont diminué en 2021 et les strates de revenus moyens ont augmenté, mais pas suffisamment pour inverser complètement les effets négatifs de la pandémie», a précisé l’organisation.
Ainsi, selon ses projections, à la fin de l’année, la pauvreté s'établira à 32,1 % de la population d’Amérique latine (soit 201 millions de personnes) et l'extrême pauvreté à 13,1 % (82 millions), soit une légère baisse de la pauvreté globale et une légère hausse de l’extrême pauvreté par rapport à 2021. «Ces chiffres signifient que 15 millions de personnes supplémentaires vivront dans la pauvreté par rapport à la situation avant la pandémie et qu'il y aura 12 millions de personnes de plus dans l'extrême pauvreté qu'en 2019», résume le communiqué de la Cepalc.
#ECLAC projects that by the end of 2022 extreme #poverty will stand at 13.1% of the region's total population (a percentage equivalent to 82 million people). Download the 2022 #SocialPanorama reporthttps://t.co/w1cK2Vqet3 pic.twitter.com/H3C91Uvqfb
— ECLAC (@eclac_un) November 24, 2022
Investir dans l'éducation pour réduire la pauvreté
Cette commission de l’ONU rappelle par ailleurs que la pauvreté touche bien davantage les enfants que le reste de la population, et plus les femmes que les hommes, et davantage que les autochtones et les afrodescendants.
«La cascade de chocs externes, la décélération de la croissance économique, la faible reprise de l'emploi et la hausse de l'inflation approfondissent et prolongent la crise sociale en Amérique latine et dans les Caraïbes», a expliqué José Manuel Salazar-Xirinachs, secrétaire exécutif de la Cepalc, lors de la présentation du rapport.
Selon les conclusions du rapport, cette hausse de la pauvreté est en grande partie due à une «crise silencieuse de l’éducation», aggravée par la pandémie de Covid-19, en raison des longues fermetures des écoles qui ont exacerbé les inégalités déjà existantes. En moyenne, les écoles d’Amérique latine ont fermé 70 semaines pendant la pandémie, contre 41 semaines en moyenne dans le reste du monde. Conséquence : la part des 18-24 ans qui n'étudient pas ne travaillent est ainsi passée de 22,3% en 2019 à 28,7% en 2020.