Le gouvernement espagnol a accepté, lundi 21 novembre, de rapatrier trois femmes et treize enfants de jihadistes, âgés entre 3 et 15 ans, retenus dans les camps de prisonniers d’Al-Hol et Al-Roj, en Syrie.
Ce lundi 21 novembre, le gouvernement espagnol a décidé de rapatrier les épouses et veuves de quatre jihadistes de Daesh ainsi que leurs treize enfants Espagnols, tous internés dans des camps de prisonniers d’Al-Hol et Al-Roj en Syrie, sous contrôle des milices kurdes, selon le quotidien espagnol El Pais citant une source gouvernementale.
Ce rapatriement concerne notamment les Espagnoles Yolanda Martinez Cobos (37 ans), Luna Fernandez Grande (33 ans), Lubna Mohamed Miludi (28 ans) et Lubna Fares (40 ans). Toutefois, de nationalité marocaine et veuve du jihadiste hispano-iranien Navid Sanati, cette dernière s’est échappée en 2020 avec ses trois enfants du camp situé près de la frontière irakienne où ils se trouvaient. Les autorités espagnoles ont donc perdu toute trace de cette femme.
Concernant le profil de Yolanda Martinez Cobos, cette dernière est originaire de Madrid. Elle est mère de quatre enfants dont le dernier est né en captivité il y a trois ans. Les autres sont âgés de 5, 7 et 12 ans. Elle est l’épouse d’un Marocain de Ceuta devenu citoyen espagnol il y a quelque années prénommé Omar El Harshi. Il est actuellement prisonnier dans une prison kurde.
Luna Fernandez Grande est également originaire de Madrid. Elle est veuve et mère de cinq enfants âgés entre 3 et 15 ans. Depuis février 2021, son aîné est détenu dans un centre de détention pour enfants de combattants de Daesh à Al-Roj. Luna s'occupe également de trois autres enfants orphelins. Ils ont respectivement 10, 9 et 7 ans.
Lubna Mohamed Miludi, troisième femme qui devra être prochainement rapatriée en Espagne, est, elle, internée à Al-Hol avec son enfant de 6 ans.
Ces femmes seront accompagnées de treize enfants dont elles ont la charge et qui ont été identifiés et localisés.
Le gouvernement espagnol a jusque-là refusé le retour de ces femmes qui, en 2019, avaient exprimé leur volonté de retourner en Espagne.
«La seule chose que nous voulons est de sortir d'ici. Ils ne peuvent pas nous condamner pour avoir pris soin de la maison et de nos enfants à Daesh», avaient-elles déclaré.
«Je n'ai rien fait. Si la loi en Espagne juge vraiment clairement, pourquoi vont-ils envoyer en prison une femme qui a tant souffert et qui est restée à la maison avec ses enfants», avait dénoncé Yolanda, vêtue d’un niqab.
jusqu'à cinq ans d’emprisonnement possibles
Pour justifier son choix, le gouvernement espagnol s’est appuyé sur les conditions de vie «misérables» et «déplorables» des détenus, à l’heure où l’Espagne était le seul pays européen à refuser de rapatrier ses ressortissants.
«La détérioration progressive des conditions de vie dans les camps a fait que la santé et l'intégrité physique même des mineurs sont gravement menacées, sans éducation ni soins médicaux et dans des conditions d'insalubrité et de surpeuplement», a écrit El Pais.
Selon des sources gouvernementales, l'objectif est de les faire revenir en Espagne avant la fin de l'année. À leur arrivée, elles devront comparaître devant l'Audiencia Nacional, (un tribunal espagnol à compétence nationale : ndlr) qui les lie à la cellule jihadiste Brigada Al-Andalus, à laquelle leurs maris auraient appartenu.
Les femmes pourraient être accusées de s'être installées dans un territoire étranger contrôlé par une organisation terroriste afin de collaborer avec elle. Cette infraction est passible d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à cinq ans en vertu du Code pénal.
Le juge devra décider s'il retire la garde de leurs enfants, bien que les grands-parents vivant en Espagne aient déjà demandé à les prendre en charge. Les services sociaux doivent veiller à ce que les mineurs bénéficient d'une prise en charge sanitaire, éducative et psychologique à leur arrivée en Espagne et suivre leur processus d'intégration à moyen terme afin de détecter s'ils ont été soumis à un endoctrinement.
L’annonce de ce rapatriement intervient après celui de 15 femmes et 40 enfants de jihadistes effectué par la France au mois d’octobre.