Condamné pour corruption et blanchiment d'argent dans le scandale Petrobras, Lula a été blanchi par la Cour Suprême brésilienne en 2021. C'est ce qui lui permet de se présenter pour un troisième mandat en tant que président.
La déchéance, puis la résurrection. Condamné en juillet 2017 à neuf ans et six mois de prison dans la complexe affaire Petrobras, Luiz Inacio Lula da Silva, plus communément appelé «Lula», a passé près de 600 jours derrière les barreaux.
Pourtant, l'ancien chef d'État brésilien est favori pour l'emporter lors du second tour de l'élection présidentielle, qui se tient ce dimanche 30 octobre.
Sur une période d'environ cinq ans, Lula a vécu l'enfer et un retour en grâce. Une situation inespérée pour l'ancien président, en fonction de 2003 à 2010, qui s'est retrouvé mêlé à un scandale d'État, avant d'être innocenté par la Cour Suprême brésilienne.
«Lava Jato» : détournement de fonds et pôts-de-vin
C'est en 2014, pendant le premier mandat de Dilma Rousseff, qu'éclate l'affaire «Lava Jato». Elle met en lumière des malversations entre la compagnie pétrolière Petrobras, propriété de l'État, et d'autres entreprises du BTP, travaillant conjointement.
Pour ces dernières, c'était la garantie d'emporter frauduleusement des marchés publics. Pour l'autre camp, il s'agissait de blanchir de l'argent via des campagnes politiques obscures et de rémunérer des politiciens de manière illégale.
Por amor pelo Brasil, vamos votar 13 dia 30!
@ricardostuckert pic.twitter.com/m0xJfTPsKJ— Lula 13 (@LulaOficial) October 22, 2022
Ces très graves accusations sont pourtant venues du camp de Lula, par l'intermédiaire de Delcidio do Amaral, sénateur du Parti travailliste (fondé par Lula). Celui-ci accuse l'ancien président d'avoir «dirigé le système» de corruption et de blanchiment d'argent. Le scandale est tellement puissant qu'il provoque la destitution de la présidente Dilma Rousseff, disciple de Lula lui ayant succédé, et présidente du conseil de direction de Petrobras de 2003 à 2005.
Condamné et emprisonné, malgré le manque de preuves
Au nout d'une longue procédure multipliant les suspects et les nœuds de malversations, Lula est condamné le 12 juillet 2017 à neuf ans et six mois de prison pour «corruption passive et blanchiment d'argent». Son jugement est aggravé en appel l'année suivante à douze années d'emprisonnement, assortis d'une peine inéligibilité.
Mais l'enquête, menée par la police fédérale et 21 procureurs rendant des comptes au juge Sérgio Moro, n'a pas réellement déterminé l'implication de Lula dans cette gigantesque affaire de corruption. Plusieurs détails choquent l'opinion : l'appartement où a lieu les perquisitions n'appartenait pas officiellement à Lula, les écoutes du juge Moro sont souvent illégales et sans autorisation. Un doute qui sera décuplé lorsque le magistrat est nommé ministre de la Justice sous le gouvernement de Jair Bolsonaro, en 2019.
Mais l'homme sera également piégé par des enregistrements téléphoniques compromettants révélés par The Intercept, où l'on peut l'entendre fomenter un plan afin d'empêcher Lula de se présenter à la présidentielle de 2018. Face à ces nouveaux éléments, le procès est relancé et Lula, grâce à une jurisprudence de la Cour Suprême, est libéré après dix-huit mois d'incarcération.
Même libéré, Lula n'a pas été éloigné des tribunaux. Il est même condamné à dix-sept ans de prison pour avoir bénéficié de travaux sur une propriété en campagne, négociés contre des contrats en faveur d'entreprises de BTP.
blanchi par la Cour suprême...mais pas innocenté
Un retournement historique se produit le 8 mars 2021 lorsqu'Edson Fachin, juge à la Cour Suprême, annule l'ensemble des condamnations visant Lula. Il estime que le tribunal de Curitiba n'était pas compétent pour juger les quatre affaires dans lesquelles l'ancien président était empêtré. Il est provisoirement blanchi et retrouve ses droits politiques, lui permettant de se représenter pour un troisième mandat de président.
«C’était un très gros mensonge. Le juge a menti, les avocats ont menti, la police fédérale a menti, pour m’éloigner de la campagne électorale. Maintenant je suis prêt pour le combat», affirmait-il au micro de CNN.
Pour autant, Luiz Inacio Lula da Silva n'est pas innocenté sur le fond des affaires, qui ont été transférées à un tribunal de Brasilia. Avant les annulations de la Cour Suprême, deux des quatre condamnations judiciaires subies par Lula avaient été confirmées en appel.
Lors de sa libération, la classe politique française de gauche avait largement salué la décision de la Cour Suprême.