À l’occasion du premier débat de l’entre-deux tours au Brésil, le président sortant Jair Bolsonaro et son adversaire de gauche, l’ancien président Lula, ont eu un échange tendu pendant lequel les insultes ont fusé et les programmes ont été peu abordés.
Gestion du Covid-19 contre corruption, «petit dictateur» contre «menteur» : l’échange entre Jair Bolsonaro et Lula était tendu ce dimanche soir, à l’occasion du premier débat de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle au Brésil. Les deux candidats se sont mutuellement attaqués, transformant le débat en véritable combat de coqs, au détriment des éclairages sur leurs programmes respectifs.
Deux axes d’attaques sont ressortis : pointer du doigt le bilan catastrophique de la gestion de la crise sanitaire du Covid-19 par Bolsonaro pour Lula, et remettre sur le tapis les affaires de corruptions qui ont éclaboussé le Parti des Travailleurs du leader de gauche pour le président d’extrême droite sortant. «C'est une honte, vraiment, vous portez sur votre dos 400.000 décès qui auraient pu être évités si vous aviez acheté le vaccin à temps. La science le dit tous les jours», a attaqué Lula, rappelant que Jair Bolsonaro a longtemps considéré le Covid-19 comme une «petite grippe».
Le président d’extrême droite s’est défendu en affirmant que le Brésil avait l’un des taux de vaccination «les plus élevés du monde». Il s’élève en effet à environ 81 % de la population totalement vaccinée. Pour autant, nombreux sont les observateurs à avoir dénoncé la lenteur de l’achat de vaccins par le Brésil, si bien qu’une commission d’enquête sénatoriale sur la gestion de la crise a tenu les politiques (ou l’absence de politiques) de Jair Bolsonaro responsable de la mort d'au moins 300.000 Brésiliens.
Os candidatos à Presidência da República Luiz Inácio Lula da Silva (PT) e Jair Bolsonaro (PL) debatem vacinas contra a Covid-19 em confronto direto no debate do segundo turno #CNNnasEleições pic.twitter.com/Vrcpel9nKJ
— CNN Brasil (@CNNBrasil) October 16, 2022
Lula s'est également placé en défenseur de la démocratie, mettant en lumière le risque de dérive autoritaire de son rival, grand admirateur de la dictature militaire brésilienne (1964-1985), qui ne cesse de mettre en doute le processus électoral.
Lula, une «honte nationale» selon Bolsonaro
Si Lula s’est appuyé sur ce bilan pour attaquer son adversaire, il en a lui aussi pris pour son grade. Jair Bolsonaro a déclaré que le scandale Petrobras, un vaste système de pot-de-vin entre des politiques et la société pétrolière, dans lequel plusieurs membres du PT, dont Lula, ont été mêlés, était «le plus grand système de corruption de l’histoire de l’humanité», et n’a pas hésité à qualifier Lula de «honte nationale» et de «voleur».
Os candidatos à Presidência da República Lula (PT) e Jair Bolsonaro (PL) debatem sobre Petrobras e corrupção em confronto direto no debate do segundo turno #CNNnasEleições pic.twitter.com/704zZUM64N
— CNN Brasil (@CNNBrasil) October 17, 2022
Il a par ailleurs accusé le leader de gauche d'entretenir des liens avec des criminels qu'il aurait rencontrés pendant son séjour en prison, tout en égrenant ses positions conservatrices sur la lutte contre le trafic de drogue ou encore sur l'avortement.
L’âge avancé de Lula (76 ans) et l’état de santé de Jair Bolsonaro, qui souffre toujours des séquelles de l’attaque au couteau dont il a fait l’objet lors de la dernière campagne présidentielle, ont également servi d’arguments au cours du débat.
Difficile de dire si ce débat, qui s’est plutôt apparenté à un échange d’attaques ad hominem plutôt qu’à une confrontation d’idées, aidera les indécis à choisir un camp lors du second tour, qui aura lieu dimanche 30 octobre. Selon le dernier sondage de l’institut Datafolha, publié vendredi, Lula remporterait l’élection avec 53 % des votes exprimés, contre 47 % pour le président d’extrême droite. L’institut a toutefois estimé le nombre d’indécis à 1 % et les votes blancs à 5 % de la population. Une réserve de voix qu’il leur faudra séduire pour espérer remporter la présidence.