La France a procédé, ce mardi 5 juillet, au rapatriement de 35 enfants et 16 mères. Parmi elles, Emilie König, figure de Daesh, qui a joué un rôle important de propagandiste et de recruteuse pour le groupe fondamentaliste. Elle a été mise en examen et placée en détention provisoire à son arrivée en France. Qui est cette Française de 37 ans dont le nom est associé au terrorisme islamiste ?
De retour en France. Ce mardi, le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères a annoncé que la France a procédé au rapatriement de 35 enfants et 16 mères présents dans des camps de prisonniers jihadistes en Syrie depuis la chute de Daesh.
Parmi les mères rapatriées figure Émilie König, 37 ans, connue pour ses vidéos de propagande publiées sur les réseaux sociaux où on l'avait vue, à plusieurs reprises, s’entraîner au tir. Elle a été mise en examen et placée en détention provisoire à son arrivée en France.
Placée par l’ONU sur la liste noire des combattants les plus dangereux, la Française se trouvait depuis 2017 dans un camp syrien, géré par les troupes kurdes. Ses trois enfants ont été rapatriés au mois de janvier 2021. Depuis, elle attendait de suivre le même chemin.
Conversion, radicalisation et jihad
Partie en pionnière en Syrie, dès 2012, la Lorientaise s’était convertie plusieurs années auparavant, au contact de son premier mari, Algérien d'origine, emprisonné pour trafic de drogue. Elle avait appris l'arabe, s’était fait appeler «Samra» et avait commencé à porter entièrement le voile.
Sa radicalisation avait débuté au contact du groupe islamiste nantais Forsane Alizza, désormais dissous. Dès 2010, portant le niqab, elle avait été repérée près de la mosquée de Lorient, où elle tentait de distribuer des tracts appelant au jihad.
Au printemps 2012, convoquée au tribunal, elle avait refusé de retirer son niqab et provoqué une altercation avec un vigile, qu'elle avait filmée et postée sur Youtube. Dans la foulée, elle avait laissé ses deux enfants en France pour partir rejoindre son nouveau compagnon en Syrie, qui y sera tué.
S'attaquer aux femmes de soldats français
Si elle n’a pas pris part aux combats, Daesh n’y autorisant pas les femmes, Emilie König est souvent apparue dans des vidéos de propagande. Dans l'une d'elles, postée à la mi-2013, elle adressait un message à ses enfants restés en France et confiés à leur grand-mère. «N'oubliez pas que vous êtes musulmans», disait-elle. «Le jihad ne cessera pas aussi longtemps qu'il y aura des ennemis à combattre».
Elle avait aussi été filmée armée d’un fusil à canon scié, comme si elle s’entrainait au tir. Les renseignements ont également intercepté des appels passés à ses contacts en France, pour les inciter à attaquer les institutions françaises ou à s'en prendre aux femmes de soldats français.
De réels regrets ?
La jihadiste disait regretter son départ de la France «parce que ça a (détruit) toute ma vie». Sans jamais s’attarder sur son idéologie, sur ce qui l’a poussé à rejoindre Daesh ou ce qu’elle y a fait, elle affirmait ne pas avoir à être incarcérée : «je ne vois pas pourquoi j’irai en prison. Je trouve que c’est injuste, parce que je n’ai rien fait, je n’ai pas de sang sur les mains».
«Je veux reprendre une vie professionnelle» affirme-t-elle, indiquant vouloir suivre une formation de comptable. «Je ne pourrai pas porter le foulard», anticipait-elle.
Alors, elle montrait qu'elle s’habillait sans son foulard, le remplaçant par une casquette et un sweat ample, décrivait l’AFP. «De façon à me réhabituer à mon retour». Une responsable du camp de Roj, où Emilie König était détenue, expliquait de son côté que l’utilisation de ces vêtements servaient à «essayer de convaincre leur gouvernement de les rapatrier», mais que seule une minorité avait de réels «remords». D’autant que l’administration du camp leur avait de toute façon «interdit de se couvrir le visage et de s’habiller en noir».
De son côté, le ministère de la Justice a précisé ce mardi que «les 16 femmes qui sont arrivées ce jour sont âgées de 22 à 39 ans. Elles ont toutes la nationalité française sauf deux d’entre elles qui ont en revanche des enfants français. Huit ont été placées en garde-à-vue en exécution d’un mandat de recherche. Huit font l’objet d’un mandat d’arrêt».
Quant aux mineurs, ils ont été remis aux services chargés de l’aide à l’enfance. Ils «feront l’objet d’un suivi médical», évoque le quai d’Orsay dans un communiqué publié ce mardi matin.